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Mieux que des mots impuissants, un fait peut-être peindra le charme fascinateur de ces lieux. Lorsque nous rejoignîmes sur la route notre voiture, que je croyais avoir quittée depuis trois quarts d’heure au plus, je trouvai notre jeune automédon fort inquiet, au milieu d’une troupe de faucheurs et de faneuses qui, leur journée faite, regagnaient leurs foyers à Thiézac ; il délibérait avec ces braves gens sur les moyens à employer pour retrouver, vivants ou morts, deux Parisiens égarés dans les précipices de la Cère. Notre absence avait, en réalité, duré près de quatre heures.


Les Faneurs, types et costumes près de Thiézac. — Dessin de Jules Laurens.

Le soleil, rasant les crêtes basaltiques de la chaîne occidentale de la vallée, projetait déjà leurs longues ombres jusqu’aux pieds des versants opposés, lorsque, après avoir traversé dans toute sa longueur la bourgade de Thiézac, nous vînmes descendre à l’Hôtel de la Tête Noire. Contemplé du haut d’un monticule de formation calcaire et arénacée, qui domine son église au sud-ouest, groupé sur un des flancs du large et profond bassin ovale que dut remplir jadis le lac Alpin qu’a tari la rupture du Pas de la Cère, — avec ses toits rouges, ses maisons blanches, ses vergers aux haies vives, ses proprettes vacheries, échelonnées sur les pentes voisines, Thiézac rappelle au souvenir les plus riants villages de l’Oberland.

F. de Lanoye.

(La suite d La prochaine livraison.)