Page:Le Tour du monde - 13.djvu/56

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vancer jusqu’au bord du précipice ; les trois colonnes du milieu devraient être moins fortes que les autres, et il aurait fallu donner à toutes les cinq une forme plus conique.

Les Makololos prétendent que du côté de l’est la crevasse est beaucoup plus profonde ; il y a là, dit-on, un endroit où la falaise est inclinée au lieu d’être perpendiculaire, et où la pente est si douce que l’on peut y descendre en s’asseyant sur le roc. Il arriva une fois que de malheureux Batokas, poursuivis par les Makololos, ne s’arrêtèrent pas à temps, et furent précipités dans l’abîme, où ils disparurent littéralement broyés. Le fleuve, disent mes rameurs, apparaît là-bas comme une ligne blanche, et si loin, si loin de vos yeux (probablement à cent mètres de profondeur), qu’on se sent défaillir en le regardant, et que l’on s’éloigne bien vite en rampant sur la terre.

Lionnes de la cour du roi Shinté. — Dessin de Émile Bayard.

Bien que le bord de la crevasse ne présente d’altération visible que sur une épaisseur d’un mètre du côté où l’eau se précipite, et que la base de la muraille opposée m’ait paru intacte, il est probable cependant qu’elle n’a pas résisté à l’action incessante des flots qui la minent, et que la partie inférieure du gouffre est plus large qu’à l’endroit où la surface du fleuve apparaît comme