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régulièrement taillées que celles de Rome et s’étendent sur un espace plus considérable. À la lueur des torches, on voit se prolonger les allées souterraines dans toutes les directions comme les nefs d’une pagode indoue ; sous l’étage supérieur des catacombes, il s’en trouve un deuxième, puis un troisième, puis un quatrième encore. Rien ne donne une idée plus grande de ce que fut autrefois la cité populeuse de Syracuse, que les perspectives indéfinies de cette nécropole où des millions de cadavres furent ensevelis. De chaque côté des avenues funéraires sont disposés les caveaux où les membres de la même famille étaient placés, l’époux non loin de l’épouse et les enfants au-dessous de la mère. Des fresques grossières, des bas-reliefs sans valeur artistique, des monogrammes et des inscriptions grecques de l’époque chrétienne décorent les sépulcres, mais la plupart des squelettes sont réduits en cendres, et depuis longtemps les objets précieux qui avaient été déposés dans les galerie sont été enlevés. De distance en distance, les avenues les plus hautes aboutissent à des salles taillées en voûte et communiquant avec l’air extérieur par une lucarne circulaire ménagée au sommet. Quand le soleil brille à travers ce puisard et projette sur le sol ses rayons qu’environnent des ombres épaisses, l’humidité monte en fumée vers l’embouchure de la caverne comme si la roche brûlait sous le faisceau lumineux.


Massifs de papyrus sur le Cyane (voy. p. 415). — Dessin de E. Thérond d’après une photographie de MM. Sommer et Behles.


J’avais froid en sortant de la triste nécropole, et c’est avec joie que je m’exposai de nouveau à toute l’ardeur du soleil de midi, et que je repris ma promenade sur les rochers blanchâtres où croissent çà et là de maigres oliviers. En certains endroits, le sol n’offrait que de rares broussailles comme celui d’un désert. Tout à coup, au delà d’un banc de rochers, j’aperçois une porte dans une fissure de la pierre, le guide l’ouvre, je descends dans le précipice par un chemin tournant et je me trouve dans un jardin féerique, plein de verdure et d’ombre : c’est la Latomia de Greci ou l’Intagliatella. Des orangers, des citronniers, des néfliers du Japon, des pêchers, des arbres de Judée, aspirant à l’air libre et montant vers la lumière du ciel, s’élèvent à la hauteur gigantesque de 15 et 20 mètres ; des arbustes en massifs entourent les troncs des arbres ; des guirlandes de lianes s’entremêlent aux branches ; des fleurs et des fruits jonchent les allées et de nombreux oiseaux chantent dans le feuillage ; Au-dessus de cet élysée d’arbres odorants et fleuris se dressent les roches coupées à pic de la carrière ; les unes sont encore nues et blanches comme aux jours où les instruments des esclaves athéniens les ont taillées ; d’autres sont revêtues de lierre du haut en bas ou portent des rangées d’arbustes sur chacun de leurs escarpements. Du reste, rien de symétrique et de régulier dans les parois de ro-