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nord jusqu’au lac Ngami. Pendant plusieurs années, il erra en nomade le long des affluents de ce bassin, puis vint enfin se fixer au nord du Zambèse et dans la vallée du Liambye, où lors de mon passage son peuple constituait, sous le nom de Makololos, le groupe social le mieux coordonné de l’Afrique australe, et je puis dire le plus respectable, car il n’y avait point d’esclaves parmi eux et ils ignoraient le trafic de l’homme par l’homme.

Sébitouané se trouvait alors chef suprême de toutes leurs tribus, qui occupaient un espace immense, et de plus, il en était arrivé à se faire craindre du terrible Mosilikatsé, roi des Matébélés ; toutefois il se défiait de ce chef cruel, et, comme les Batokas des îles avaient secondé les Matebélés en leur faisant traverser le Zambèse, il fit une descente rapide chez ces insulaires et les chassa de leurs retraites, que ceux-ci croyaient inexpugnables. Il rendit par là, sans s’en douter, un service éminent au pays, en détruisant l’obstacle qui jusqu’alors avait empêché le commerce de pénétrer dans la grande vallée du centre.

Femmes bushmènes faisant provision d’eau dans des œufs d’autruche. — Dessin de Émile Bayard.

Après avoir remporté cette dernière victoire, Sébitouané répondit, à l’égard des chefs qui avaient échappé à la mort : « Ils aiment Mosilikatsé, qu’ils aillent vivre auprès de lui ; le Zambèse est ma ligne de défense. » Il plaça des hommes sur le bord du fleuve pour garder sa frontière. Lorsqu’il eut appris que nous avions le désir de le voir, il fit tous ses efforts pour faciliter notre accès auprès de lui ; Séchélé et d’autres chefs du sud lui devaient leur pouvoir, et il aurait pu faire payer bien cher à plusieurs les entraves qu’ils avaient mises à notre voyage.

Sébitouané était au courant des moindres choses qui arrivaient dans le pays, car il savait gagner l’affection