Amérique sont mues par un appareil à vapeur de la force de quelques chevaux.
Mais le cotonnier a bien des ennemis. Outre les crabes de terre, le criquet vulgaire, la courtilière, la fourmi-manioc, les chenilles et les pucerons qui l’attaquent pendant son enfance, plus tard, et lorsque l’arbuste arrive au terme de sa carrière productive, quand la floraison la plus splendide semble promettre une récolte certaine, un fléau pareil aux plaies d’Égypte vient parfois anéantir les espérances les mieux fondées.
Quelques papillons jaunes volent dans l’air ; les planteurs pâlissent et se regardent avec inquiétude. Le nombre de ces papillons augmente ; ils s’abattent sur la plantation. Ils y déposent des milliers d’œufs ; une génération presque spontanée inonde les plantes de petites chenilles qui grandissent aux dépens des feuilles, des fleurs et des tiges. Ces éphémères font une rude besogne dans leur courte et fatale carrière et la récolte est perdue.
Les bruits partiels de ces millions de petites mâchoires se réunissent et s’intègrent en un bruissement immense qui rappelle la voix lointaine de la mer, et le planteur assiste les bras croisés à l’agonie de sa plantation.
Une revue mensuelle, publiée à New-York en 1860, décrit de la manière la plus minutieuse les variétés et les mœurs destructives de ces insectes, qu’elle nomme heliothis americana, phalena gossypion, egeria carbasina, etc. Mais si elle explique parfaitement le fléau, elle n’indique pas la manière de s’y soustraire. Elle conseille seulement d’apporter le plus grand soin dans le sarclage, et de détruire les vieilles larves. Le feu serait un mauvais moyen. Il pourrait ne pas préserver les carrés voisins et obligerait à recommencer sur de nouvelles bases une plantation en activité.
Tinea sata (insecte qui loge dans les graines). — Tortrix cothonisix. (Dessins de Delahaye).
A. Grandeur naturelle de l’insecte. — H. Trou de l’entrée. — K. Trou de sortie. — I. Larves dans la graine. — B. Chrysalide. — F. Cocon sur une feuille. — G. Chenille grossie trois fois.
Un vieux planteur parlait d’arrêter cette invasion fatale par un moyen fort simple. Ce serait de mettre quelques plants de tabac autour des carrés de coton. Il paraît que les papillons susnommés auraient une prédilection marquée pour le tabac. Ils s’y attacheraient de préférence, et les sucs narcotiques de cette solanée vireuse leur seraient mortels. On ne risque rien d’essayer de ce procédé. Quand la médecine est impuissante, on s’adresse aux empiriques.
Ce qu’il y a de singulier, c’est qu’il en est de ce fléau comme de l’oïdium qui a poursuivi la vigne dans toutes les parties du monde. Partout où il y a des cotonniers on retrouve son ennemi, et je viens de lire un rapport daté de la Nouvelle-Calédonie, où l’on attribue à cette cause la perte de la récolte de la présente campagne.
De tout cela il ressort clairement que les risques entrant en ligne de compte dans toute exploitation industrielle, il n’est pas étonnant que les colons hollandais aient abandonné une culture aussi hasardeuse pour s’adonner à une autre, dont les chances sont moins aléatoires.
L’hospitalité d’Esthers’-Rust fut cordiale, le voyage joyeux ; quelques épisodes de chasse se mêlèrent à la partie sérieuse de l’expédition, et cette petite campagne, scientifique et pittoresque à la fois m’a laissé le plus charmant souvenir.
Dans une des haltes, au moyen desquelles nous coupions la longueur du parcours du Warappa, nous fûmes séduits par l’aspect coquet d’un gracieux cottage. C’était une école morave. On sait que les Frères moraves forment une des sectes religieuses de l’Allemagne protestante. Cette association monastique, qui date du seizième siècle, passa de Bohême en Moravie, d’où elle tira son nom. Le siége de la Société est à Hernhutt ;