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l’habitation et on soigne ses blessures ; puis, ranimé, il se fait conduire au pénitencier.


Sauvetage de Raisséguier. — Dessin de Riou d’après une aquarelle de M. Bouyer.

Le terrible récit de ses aventures excita sur tout son passage la plus vive indignation ; chacun se prépara à concourir à l’arrestation des cannibales.

Un brave Indien s’offrit à les attirer dans un piége et toutes les mesures furent prises en conséquence.

Cet Indien s’embarqua seul dans une pirogue avec quelques provisions et remonta la rivière. Arrivé à la hauteur du repaire, qu’il reconnaît grâce aux indications de Raisséguier, il paraît se livrer exclusivement à la pêche. Les forçats l’aperçoivent et le font approcher. L’Indien, avec une terreur jouée, se laisse prendre ses provisions ; puis, on le questionne : il leur révèle l’existence de l’habitation Bellane et excite leur convoitise et leur cupidité en leur laissant comprendre qu’ils y trouveront de quoi se satisfaire. À leur demande, il les conduit de suite à l’habitation ; rien dans les environs ne peut éveiller les soupçons des forçats qui débarquent immédiatement. L’Indien alors glisse au milieu d’eux comme une couleuvre et s’échappe en poussant un cri perçant. Ce cri est un signal ; en une minute ils sont enveloppés et enfermés dans un cercle de sabres et de baïonnettes. Toute résistance est vaine, ils sont renversés et chargés de liens.

Leur procès s’instruisit rapidement. Ceux qui, sans prendre part aux crimes atroces de leurs camarades, étaient retournés vers le pénitencier, subirent la peine des évadés. Les autres, qui pendant les débats firent preuve d’un cynisme odieux, furent tous condamnés à mort.

Quant à Raisséguier, il guérit de ses blessures ; la