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donne souvent le champ à la garde de Dieu et ne reparaît que pour la récolte. Les bêtes sauvages en ont grignoté un morceau, mais il faut que tout le monde vive.

C’est la dernière expression de la vie matérielle. Si l’homme peut étouffer ses autres aspirations, si c’est là le seul rôle que la Providence lui ait assigné sur la terre, l’Indien est heureux : nul souci ne trouble l’horizon de sa vie. Il a un canot, un hamac, une chaudière ; son arc et ses flèches pourvoient à sa subsistance ; tous ses besoins sont satisfaits.

Sa religion est le manichéisme, c’est-à-dire la lutte des deux principes, du bon et du mauvais esprit. Il cherche à apaiser l’un et à se rendre l’autre favorable ; mais il y a chez lui beaucoup du fatalisme des orientaux. Sa philosophie est la résignation.

Les Indiens des Hattes semblent s’y être établis à poste


Nids de classiques. Dessin de M. Rapine d’après une aquarelle de M. Bouyer.


fixe. L’aspect de la civilisation n’y fait pas trop contraste avec leur manière de vivre. Ils sont de la tribu des Galibis.

Ils ont la taille petite, la tête grosse, le visage aplati, les cheveux longs et roides. Ils portent pour tout costume un morceau d’étoffe qu’ils roulent autour des reins et passent entre les jambes, et qu’on nomme calimbé. L’habillement des femmes est tout aussi primitif : il consiste en un simple petit tablier. En revanche, elles ont des colliers, des bracelets et des jarretières ; toute la coquetterie de leur costume est là. Les jarretières mises au-dessous du genoux sont de larges bandes d’étoffe qui leur serrent fortement la jambe et interceptent la circulation du sang. Elles en portent également au-dessus de la cheville. Ce luxe d’appareils comprimants donne à leur démarche quelque chose de gêné qui rappelle les allures