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la main gauche dans la race de couleur. Parrains et filleuls se mêlent dans des liens fort embrouillés.

Les riches donnent à ceux qui n’ont rien ; les négrillons attrapent les miettes de la table et les reliefs du festin ; les mulâtresses et les négresses se parent des robes rebutées par madame et mademoiselle.

Quand les salons du gouverneur étincellent de lumières, quand l’orchestre met en mouvement polkeurs et valseurs, chaque famille créole qui arrive au bal, est escortée par une suite nombreuse de femmes de couleur qui ont assisté à la toilette des jeunes filles, et qui viennent jouir de leur beauté et de leurs triomphes. Les maîtres dansent au salon, les anciens esclaves encombrent le couloir et regardent par toutes les portes. Si on


Mulâtresse de Cayenne. — Dessin de Riou d’après une photographie.


les renvoyait de là on se ferait de grosses affaires, et personne n’y songe. La langue créole, si douce dans la bouche des femmes, a conservé les anciens mots de maître et de maîtresse. Ce n’est plus le droit, c’est l’habitude. Nous ne dirons rien de plus des femmes de couleur ; elles sont les mêmes à Cayenne que dans toutes les colonies.

La toilette habillée des dames créoles, c’est la toilette d’été des élégantes de France. Leurs chapeaux sont de la bonne faiseuse, de Bordeaux et de Nantes. Elles ont les toques à plumes, Tudors, canotiers et Marie-Stuart, et leurs crinolines sont d’une envergure suffisante. Leur toilette de maison et de négligé est appropriée au climat. C’est une robe d’indienne montante, sans ceinture,