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convertissent l’argent qu’ils reçoivent dans ces villes en marchandises de toutes sortes : peaux de moutons (que nous appelons d’Astrakhan), cotonnades, soieries, thé vert et noir en brique, riz, teintures, fruits secs, tabacs, cuirs tannés, marmites, sucre, théières, poudre, bols en porcelaine ; ces derniers articles proviennent le plus ordinairement de la Russie, qui est en bons rapports avec tout le Turkestan, d’où elle tire des cotons, des soies et des peaux brutes qu’elle revend tannées.

La monnaie de cuivre n’a pas cours chez les Tekkés. Pour les petits achats qui ne dépassent pas un tenguet ou un cran, l’échange se fait en nature.

Le toman tekké, vaut quatre tomans persans. Le toman persan en or ou dix crans en argent est estimé à peu près onze francs soixante centimes de notre monnaie.

Le climat des contrées de Marv se compose à peu près ainsi : au printemps, pendant un mois, quelques pluies occasionnées par les orages ; en été, une assez forte chaleur ; à la fin de l’automne et au commencement de l’hiver, des brouillards, quelques pluies, et, en hiver ; un mois de neiges au plus.

Le vent du nord-ouest est le plus ordinaire et souffle avec violence, surtout au printemps et à l’automne. Le vent d’est, en été, souffle aussi avec violence et est d’une chaleur insupportable. Dans le désert sablonneux ce vent déplace les sables qui s’arrêtent au moindre bouquet de végétation et forment autant de monticules.

On voit pourtant, à côté de ces dunes et de ces plaines de sables, des terrains solides et couverts en quelques endroits de végétation et d’arbustes dont les racines profondes trouvent encore de quoi végéter et résister à la chaleur et au manque d’eau.

Les bords du Mourgab sont couverts de plantes, de roseaux, d’arbustes dont la hauteur ne dépasse pas trois mètres et qui servent de bois de chauffage.


Laboureur turkoman. — Dessin de Émile Bayard d’après un croquis de M. de Blocqueville.


Le gibier abonde, sanglier, gazelle, lièvre, perdrix, chacal, renard, nombreux oiseaux aquatiques, tels que pélicans, cygnes, canards, oies sauvages, etc.

Le Mourgab est assez poissonneux ; mais les Turcomans ont de la répugnance pour le poisson.

Au printemps ils cueillent une sorte d’épinard sauvage ; les femmes en font des gâteaux dans le genre de ce que nous appelons chaussons aux pommes.

Les champignons sont communs ; les Turcomans, après en avoir arraché la tige y mettent un peu de sel et les laissent un instant sur les charbons.


Suite de ma captivité. — Marché manqué. — Tentative d’évasion. — Nouvelles négociations. — Ma rançon.

Jusqu’au mois de mai 1861, époque à laquelle chacune des tribus tekhés reprit son campement ordinaire, j’allai n’établir avec la tribu des Khongours à deux lieues au nord du retranchement.

Aucune nouvelle n’était venue de Méched. J’affectais de ne témoigner aucune envie de traiter de mon rachat avec les Turcomans, espérant ainsi les fatiguer à force de patience.

En effet, mon aga et son frère, ainsi que leur famille et leurs amis, n’avaient plus de prétentions aussi élevées : ils étaient même inquiets ; se disant : « Nous avons été peut-être mal renseignés ; si cet Européen venait à mourir, nous perdrions tout ; il faut en finir quelque prix que ce soit. » Ils me proposèrent donc d’entrer en arrangements ; mais à mon tour, je leur dis que depuis longtemps je n’avais pas eu de nouvelles de mes amis, et que je ne savais pas de quelle somme je pouvais disposer pour mon rachat ; ils offrirent alors d’envoyer à Méched mon domestique, qu’ils avaient acheté quelques mois auparavant pour me le revendre et qui me servait d’interprète.

J’acceptai cette offre. Après le départ de mon do-