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Lorsqu’une personne meurt, son corps lavé et purifié, selon les usages musulmans, est placé sur un tapis dans une tente ; les femmes de la famille s’y établissent et poussent de temps en temps des gémissements prolongés. Un tapis est réservé près de la porte de la tente aux hommes de la famille.

Chaque fois qu’il se présente des visiteurs ou des visiteuses, les femmes qui veillent autour du corps prononcent quelques mots en sanglotant et énumèrent toutes les qualités du défunt, disant qu’il a été bon mari, bon père, bon frère ou bon fils, etc. ; elles terminent chaque éloge par des sanglots saccadés qui vont en décroissant et auxquels les hommes assis dehors répondent par un gémissement, se tenant la tête courbée vers le sol et se cachant leur visage soit avec le bras, soit avec un pan de leur habit. Après une douzaine de sanglots, chacun reprend sa position et sa physionomie ordinaire, et on offre aux visiteurs la pipe, le thé et le chouroué.

Le deuxième ou troisième jour après la mort, on emporte le défunt sur un brancard recouvert d’un tapis. Les hommes seulement le portent et l’accompagnent ; les plus proches parents marchent devant et poussent des gémissements répétés par tous les autres jusqu’au cimetière. L’enterrement fini, on plante vers la tête du mort une gaule ou une espèce de bâton au bout duquel on attache des chiffons de couleur ; quelquefois la famille entoure la tombe d’un petit mur en terre.


Arts. — Musiciens. — Médecins. — Fêtes. — Luttes, etc.

Les arts et l’industrie ne sont pas très-avancés chez les nomades turcomans ; cependant leur intelligence et leur goût du travail les portent à s’instruire quand ils en ont l’occasion.

On trouve parmi eux quelques bijoutiers, qui fabriquent dans le goût du pays des parures en argent massif, avec filets d’or et incrustations de cornalines.


Enterrement. — Dessin de Émile Bayard d’après un croquis de M. de Blocqueville.


Leurs forgerons savent faire une pelle, une pioche ou un soc de charrue ; quelques-uns réparent les armes et transforment même habilement des fusils à pierre en fusil à percussion.

Les bottiers travaillent assez bien et font des chaussures et des bottes imperméables : elles sont cousues en dedans.

D’autres ouvriers préparent la peau de mouton et font des pelisses pour l’hiver.

Presque tous les Turcomans savent chanter ou jouer de la doutare (deux cordes). Même au milieu de l’hiver, si l’on fait de la musique dans une tente, ceux qui ne peuvent entrer à cause de la trop grande foule, s’enveloppent dans leurs manteaux de peau de mouton, et restent assis ou couchés près de la tente jusqu’à ce que la musique soit terminée.

La doutare, le seul instrument connu chez les Turcomans, ressemble à la mandoline, sauf que le manche en est beaucoup plus long. La caisse, de forme ovale, est ordinairement en bois de mûrier. Sur la planche, percée de petits trous, qui couvre l’âme de l’instrument, est placé un chevalet qui porte les deux cordes en soie tordue. Le musicien fait ces cordes lui-même à l’instant où il doit s’en servir ; car elles s’usent très-vite, et on est même obligé de les renouveler si le concert se prolonge. Les tons de l’instrument sont marqués sur le manche par des liens en soie. Le son en est faible et doux. Le musicien, assis à la turque, tient le manche de l’instrument avec la main gauche, et la caisse entre le bras droit et la poitrine, conservant l’avant-bras et le poignet libres, car l’instrument n’est touché qu’avec l’extrémité des doigts qui ne pincent pas ; les ongles seuls frappent les cordes en glissant dessus.

Contrairement à l’habitude des Persans, les Turcomans chantent de la voix de poitrine en resserrant le gosier de façon à toujours conserver un son guttural ;