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des autres, ils recouvrent la tête et le cou du chameau et vont se rattacher sur le bât. Leur cortége va chercher la mariée chez ses parents.

Les hommes se divisent en deux groupes : les uns partent à pied et accompagnent les femmes, les autres montent à cheval, armés comme pour une expédition, et vont un peu en avant du cortége. Lorsqu’ils arrivent dans le voisinage de la mariée, ils s’élancent à toute bride, en tirant des coups de fusil et de pistolet, et en faisant des évolutions comme dans une fantasia.

On entre dans la tente. Après une heure de conversations et de pourparlers, il s’engage une sorte de lutte entre les parents et les amis de la future, et ceux qui viennent l’enlever. Quand on est parvenu à faire sortir la future de la tente, car elle résiste aussi et feint de ne pas vouloir se laisser emmener, on la couche dans un tapis que les hommes à pied ont apporte et placé devant la porte. Ces hommes prennent les coins du tapis et se sauvent à toutes jambes vers l’endroit ou on a laissé les chameaux.

Les cavaliers protégent cette fuite en galopant et en tirant en l’air des coups de fusil du côté des gens de la tribu ou du quartier de la mariée, qui poursuivent les porteurs du tapis en leur lançant des mottes de terre : ceux-ci, obligés de se garantir la tête avec leurs habits, lâchent quelquefois le tapis ou tombent, dans un repli de terrain, les uns sur les autres.

Dès qu’on a atteint l’endroit où sont les chameaux, la poursuite cesse. On fait sortir la mariée de son tapis ; les femmes la rajustent et lui mettent sur la tête et la figure un voile disposé de façon à ne laisser voir que son nez et ses yeux.

Placée au premier rang entre les plus proches parentes du marié, la jeune fille s’avance en tête du cortége. Elle


1 Boucles d’oreilles. — 2 Bracelets. — 3 Collier. — 4 Bague.


se tient roide et ne fait aucun mouvement ; les femmes de son escorte entr’ouvrent son voile en passant devant les tentes, pour satisfaire les curieuses.

Un peu avant d’arriver à la tente nuptiale, les cavaliers reprennent les devants et recommencent les charges, les cris et les coups de feu. Les habitants se rassemblent en poussant des hourras, et lorsque la fiancée n’est plus qu’à quelques pas, on jette sur son passage des poignées de pâte frite aux enfants qui ne manquent pas de se ruer au milieu de tout le monde et de faire un bruit étourdissant.

Pendant ce tumulte, les femmes entraînent la future dans sa tente et l’installent au fond, à droite, le dos tourné à la porte. Toutes les voisines viennent successivement la visiter et la complimenter. L’entrée est interdite aux hommes qui se divertissent en se livrant à des luttes, des courses et des fantasias jusqu’à l’heure du repas ; la soirée se passe à fumer, boire du thé et entendre les musiciens.

Pendant les premiers quinze jours, la nouvelle mariée reste dans son coin, occupée à quelque ouvrage à l’aiguille, toujours en compagnie des parentes ou amies du marié. Les hommes sont admis à la visiter et à la complimenter.

Après ce séjour, la jeune fille est reconduite par les parentes du marié chez sa famille où elle reste un an ou dix-huit mois, passant ses jours à fabriquer des tissus, des tapis, des sacs, etc., pour son ménage ; le mari est autorisé à venir de temps en temps la voir à la dérobée.

Les parents sont responsables de la conduite de leur fille pendant tout le temps où elle reste ainsi chez eux. Le délai convenu expiré, les parentes du marié retournent chercher sa femme ; cette fois elle s’en va montée sur un chameau couvert d’ornements, et s’installe définitivement chez son mari. À cette occasion il y a de nouvelles réjouissances, mais seulement en famille.

Les fiançailles ne sont pas de si longue durée chez les