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Arrivée d’une mariée turcomane. — Dessin de Émile Bayard d’après un croquis de M. de Blocqueville.


QUATORZE MOIS DE CAPTIVITÉ CHEZ LES TURCOMANS

(FRONTIÈRES DU TURKESTAN ET DE LA PERSE,)


PAR M. HENRI DE COULIBŒUF DE BLOCQUEVILLE[1].


1860-1861. — TEXTE ET DESSINS INÉDITS.




III

LA CAPTIVITÉ (suite).


Mariages. — Naissances. — Enterrements.

Les filles turcomanes ne se marient pas avant l’âge de 16 ou 17 ans. Jusque-là, les parents évitent autant que possible de les faire travailler à de trop rudes ouvrages afin de leur conserver la beauté et la fraîcheur qui permettront d’exiger de leurs prétendants le plus haut prix possible.

Comme chez ces nomades les femmes ne se couvrent pas le visage, il est facile de faire un choix parmi elles. Lorsqu’un Turcoman a choisi, il charge une parente ou une amie de faire la demande et de débattre le prix ou les conditions avec les parents de la fille.

Si la fille est forte, bien faite et jolie, ce prix est de 100 tomans ou 160 tomans tekké (4640 francs ou 6960 francs de notre monnaie environ).

Pour une femme ordinaire, le futur paye une dot de 60 ou 80 tomans.

Si la jeune fille est borgne, ou sourde et muette, ou défigurée par un bec de lièvre, elle n’est que du prix de 15 à 20 tomans tekké. Il en est de même si c’est une esclave, plus ou moins jolie ; ses enfants ne sont pas d’ailleurs reconnus au même titre que les autres enfants du même père avec une Turcomane ; ils n’ont pas une part égale dans la succession.

Une fois les conditions arrêtées et acceptées par les intermédiaires, on fait venir un mollah qui rédige le contrat, et fixe un jour de bon augure pour le mariage. Le prétendant envoie quelques cadeaux et surtout des moutons que l’on tue pour célébrer les fiançailles.

Au jour fixé, la tente du marié est nettoyée et décorée de tout ce qu’on peut trouver en fait de tapis, sacs, chiffons de soie, plumes, etc. Ordinairement c’est vers le milieu du jour qu’on va chercher la mariée ; ceux qui n’ont pas le moyen de supporter de grandes dépenses emmènent leur femme la nuit, et alors il n’y a pas d’invités.

La mère, les sœurs, les parentes et les amies du marié se réunissent. Toutes portent des charges de bijoux et des coiffures extraordinaires. Sur trois ou quatre chameaux elles placent des tapis et des morceaux de soie de diverses couleurs ; cousus par les coins les uns au bout

  1. Fin. — voy. pages 225 et 241.