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la viande. Les femmes s’occupent de leur côté à la confection de petites galettes ou de morceaux de pâte travaillée, coupée en losanges et cuite dans l’huile de sésame (cette friandise n’est autre chose que de la pâte de pain frite dans l’huile d’éclairage). Les tapis sont aussi disposés, les uns à la suite des autres, devant la tente de l’amphitryon, qui, avec ses parents, se charge de servir et de veiller à ce que chacun ait sa part. À mesure qu’un tapis est occupé par un nombre suffisant de convives, car il vient du monde de tous les côtés, le pourvoyeur fait son compte et prévient les préposés aux plats et aux marmites qu’il faut tant de portions, soit de soupe soit de riz. Aussitôt ces plats arrivés, on se rapproche les uns des autres par groupes de quatre ou six, selon ce que le plat contient de portions, ce qui est indiqué par une galette ou quelques morceaux de pâte frite. Le plus ancien du tapis fait une sorte de discours qui a pour but d’appeler les bénédictions du ciel sur ceux qui donnent le Cauda-yoli. Une fois le plat vide chacun s’étant graissé la figure, les mains et les bottes, les premiers convives se lèvent, complimentent l’aga et se retirent pour faire place à de nouveaux hôtes.

Toutes les fois que les Turcomans voient quelque objet de valeur, tel que de l’or ou de l’argent, ils manient l’objet et s’en touchent les yeux en souhaitant la possession de semblables objets pour eux et leur famille. Les femmes surtout touchent à tout. Si, par exemple, une jeune mariée voit un bel enfant, aussitôt elle le touche avec les deux mains et se fait ensuite des passes sur la figure ou le corps, persuadée que le fluide ou contact peut avoir une influence physique.

Tirer l’horoscope (le fole) est une chose à laquelle tout le monde est initié. Un Turcoman prend ou fait apporter devant lui un petit monceau de sable et s’assoit devant. Après s’être relevé les manches au-dessus des coudes, il se frotte les bras avec le sable comme si c’était de l’eau, et se fait des passes avec les deux mains à partir du haut de la tête, sur la figure et jusque sur la poitrine. Il continue ensuite à manier le tas de sable, et en forme un roud ou plateau sur lequel il trace avec le doigt autant de rayons qu’il y a de lettres dans l’alphabet. Cette opération terminée, il donne trois brins de paille au consultant et le prie de mettre ces morceaux de paille, suivant sa fantaisie, dans les différents rayons dessinés sur le sable. Alors, commençant par un rayon, peu importe lequel, il continue à compter jusqu’à la fin, et selon que les brins de paille se sont trouvés rapprochés ou éloignés de telle ou telle lettre, il donne une bonne ou une mauvaise solution relativement à l’affaire pour laquelle on l’a consulté.