Page:Le Tour du monde - 13.djvu/247

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

difformité, au point qu’en les regardant de face, l’oreille est aussi visible que quand on regarde un autre homme de profil.

Le costume se compose d’un large pantalon, tombant sur le pied et serré sur les hanches au moyen d’une coulisse, et d’une chemise sans col et ouverte sur le côté droit jusqu’à la ceinture ; elle tombe par-dessus le pantalon jusqu’à moitié cuisse. Par-dessus, une ou plusieurs grandes robes, ouvertes par devant et croisant légèrement sur la poitrine, sont serrées à la taille par une ceinture en étoffe de coton ou de laine. Les manches, très-longues et très-larges, ressemblent assez à ce qu’on appelait chez nous autrefois manches à gigot ; sur la tête une petite calotte remplace les cheveux et est recouverte d’une sorte de coiffure, appelée Talbak, ayant la forme d’un cône dont on enfoncerait tant soit peu le sommet, soit en peau d’agneau (que nous appelons astrakhan, mais, qui ne vient réellement que de la Boukharie), soit en peau de mouton ordinaire. La chaussure habituelle est une sorte de babouches, ou simplement une semelle de cuir de chameau ou de cheval, fixée sous le pied au moyen d’une corde en laine.

En hiver et pour monter à cheval, les Turcomans portent la botte ainsi que les femmes ; le pied est d’abord entouré d’une sorte de flanelle que l’on fait monter jusqu’à moitié jambe et dans laquelle le pantalon est fixé. On met par-dessus une botte en feutre souple mais très-épais, et par-dessus encore une grande botte en cuir de russie, montant au-dessus du genou. Ces bottes ont la couture en dedans, le talon très-élevé et étroit, et la base protégée par un fer rivé dans le talon de la botte, ne dépassant pas la largeur d’une pièce d’un franc ; lorsqu’elles sont préalablement graissées, elles deviennent imperméables. En outre, le Turcoman porte toujours un couteau et un briquet, suspendus sur le côté de la taille au moyen d’une corde ou d’une lanière.

Chez les femmes turcormanes le type est plus marqué que chez les hommes. Leurs pommettes sont plus saillantes, leur peau est très-blanche, malgré leur malpropreté. Leurs cheveux sont généralement épais, mais très-courts, aussi sont-elles obligées d’allonger leurs tresses au moyen de ganses en poil de chèvre (on ne connaît pas les faux cheveux dans ce pays) et de cordons, auxquels sont attachés des verroteries et des perles d’argent.

Le costume des femmes se compose d’un pantalon qui descend jusqu’à la cheville, où il devient étroit, de façon à né laisser que le passage du pied ; d’une chemise ample, mais droite, arrivant jusqu’à la cheville : sur toute la partie de la chemise couvrant la poitrine, sont attachées des pièces d’argent, aplaties et de forme ovale ; des cornalines sont enchâssées sur quelques-unes de ces pièces, dont les femmes mettent jusqu’à six rangées. Elles ont de plus un pardessus dans le genre de celui que portent les hommes, mais qui ne descend que jusqu’à mi-jambe : les femmes mariées seulement portent quelquefois une ceinture sur la chemise.

Des deux côtés des tempes, les Turcomanes laissent passer une mèche de cheveux, tombant jusqu’au-dessous du menton ; le reste de la chevelure se partage en deux tresses qui descendent sur les reins. La tête est coiffée d’une toque ronde, par-dessus laquelle on met un voile de soie ou de cotonnade, tombant par derrière jusqu’aux talons. Le tout est maintenu par une sorte de turban de la largeur de trois doigts, sur lequel sont cousues de petites plaques en argent ; un simple nœud derrière la tête sert à fixer ce bandeau. Un des coins du voile est ramené sous le menton de droite à gauche et vient se fixer, au moyen d’une chaînette d’argent, terminée par un crochet, sur le côté gauche de la tête. Selon les circonstances, ce bout de voile est passé par-dessus le menton jusqu’à la lèvre inférieure, comme chez les Arméniennes.

Les boucles d’oreilles sont en argent massif, de la forme d’un triangle : on y voit dessinées des arabesques en or, au milieu desquelles est une cornaline enchâssée ; de la base du triangle pendent de petites chaînettes de la longueur de cinq centimètres terminées par une petite lame en argent, ayant la forme d’un losange ; une chaîne en argent est fixée au crochet en forme d’hameçon placé au sommet du triangle et qui passe dans l’oreille ; cette chaîne vient s’attacher sur le haut de la tête et sert à soulager l’oreille qui ne pourrait porter un poids aussi considérable, car une paire de ces boucles ne pèse pas moins de deux cents grammes.

Les bracelets, généralement de forme ovale et d’une seule pièce, sont d’une largeur qui varie de deux à trois doigts. Une ouverture laissée sur un côté de l’ovale permet d’y passer le poignet en forçant un peu et en le mouillant avec la salive. Le poids d’un bracelet varie de deux cent cinquante à trois cents grammes, et, de même que toutes les autres pièces de parure, il est en argent avec arabesques en or et cornalines montées.

Le collier a aussi une forme consacrée, mais qui varie selon sa valeur. Il se compose ordinairement d’une lame flexible, faisant le tour du cou, et se fixant sur le côté au moyen d’une charnière ; à ce cercle se trouve suspendue sur la poitrine une sorte de losange, grand comme la main, travaillé à jour et divisé en cases, dans chacune desquelles est enchâssée une cornaline, ronde ou carrée. Des chaînettes, terminées aussi par des lames d’argent, prolongent encore cette parure du poids de sept cent cinquante grammes ou plus.

À un baudrier en cuir, couvert de petites plaques d’argent, est suspendue une sorte d’étui, destiné à recevoir des amulettes, talismans ou versets du Khoran. Cette pièce, de la forme d’un triangle, est dentelée, la pointe du triangle en bas, et l’étui en formant la base. Comme le reste il est en argent, avec ornements d’or et de cornalines, et du poids de cinq cents grammes.

Enfin une plaque, ronde, dentelée, et semblable à un soleil, est suspendue à la taille, son poids étant de deux cent cinquante grammes.

La tiare que les matrones portent dans les grandes