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résister aux secousses de cette multitude d’hommes et d’animaux, il écrasa dans sa chute bon nombre de ceux qui voulaient se l’approprier. On prétend qu’en souvenir de cette mésaventure les habitants de Chouré-Delbard évitent même aujourd’hui de passer près du minaret qui est resté debout.

Une autre légende rapporte que Schah-Abbas, parcourant ce pays, et étant arrivé à Maire vers le milieu d’une journée, résolut de continuer sa route, persuadé qu’il ne lui restait plus que peu de distance à parcourir, puisqu’il apercevait la pointe du minaret de Cosrouguerd : mais, quelle que fut la rapidité de sa marche, la nuit le surprit très-loin encore du minaret. Le jour suivant, lorsqu’il arriva à Cosrouguerd, il fit abattre la plate-forme et l’extrémité du minaret qui la dépassait, voulant ainsi punir ce monument de l’avoir trompé sur la longueur du chemin.

Après avoir dépassé Cosrouguerd, les murailles en terre presque blanche de la ville de Sebzevard, se détachent sur le fond brun de la campagne. Les environs sont bien cultivés. Les deux mille maisons de la ville sont plus mal entretenues que les murailles qui les entourent. La citadelle, placée sur le point culminant, est dans un état de délabrement déplorable.

Au milieu de Cosrouguerd est un minaret à moitié démoli. Les Persans, excessivement jaloux, n’aiment guère ces monuments, du haut desquels les Mollahs, lorsqu’ils annoncent l’heure de la prière, peuvent plonger un coup d’œil indiscret dans les harems voisins.

La contrée de Sebzevard est cultivée avec soin ; on y fait de bon vin. La ville fut saccagée, en 1380, par Tamerlan, qui fit enterrer vive une partie de la population.

21 avril. — À six farsahks, Zafrain, village peu important. En 1860, on y voyait un caravanseraï ancien, d’une architecture remarquable : on l’a démoli depuis pour en construire un autre. Devant la principale entrée étaient les ruines d’un bain et d’un bazar.

23 avril. — Chour-ab (eau salée), village situé au milieu des montagnes ; il a un aspect assez triste et le pays est malsain ; plusieurs Européens y sont tombés malades, et à la fin de 1860, un de nos compatriotes, M. Colas, employé du gouvernement persan, allant à Méched, y est mort du typhus ;, on a posé sur sa tombe un marbre blanc où est gravée une inscription. Tout Européen, en passant sur cette route, fait un don à ceux qui gardent ce tombeau contre les profanations. 24 avril. — Nichapour, ville située au milieu d’une plaine fertile entourée de montagnes.

D’après plusieurs auteurs, elle fut fondée par Témouras, détruite par Alexandre et reconstruite par Sapor Ier qui lui laissa son nom. En 548 de l’hégire, les Tartares la ruinèrent à ce point qu’une partie des habitants, qui avaient fui dans les montagnes, ne purent, après le départ des envahisseurs, retrouver la trace de leurs habitations.

Certains auteurs croient aussi que c’était l’emplacement de Niza dont il est difficile de préciser la position, par suite du grand nombre de ruines encore inexplorées sur la frontière du Khorassan et dont on ne connaît ni le nom ni l’origine. On sait cependant que Nichapour fut rebâtie par Sapor, mais on ignore le nom qu’elle portait avant cette restauration.

La ville moderne, qui, selon les habitants, date d’environ 350 ans, n’a pas plus de 3 000 maisons enfermées dans sa forte muraille.

De nombreux villages contribuent à rendre la plaine de Nichapour la plus gaie et la plus belle de tout le Khorassan. L’emplacement de l’ancienne ville marqué par un monticule de ruines et de débris couvrant un grand espace, est situé à deux lieues au sud-est de la nouvelle ville.

On prétend que, vers les premiers siècles de l’hégire,