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après avoir monté 90 marches chacune de 37 centimètres ; une petite colonne surmonte la plate-forme. La hauteur totale est de 36 mètres environ. Ce minaret penche du côté du nord et est très-dégradé par les pluies et les neiges. Il est bâti en briques disposées de manière à former au dehors des dessins variés. J’ai recueilli ses inscriptions qui sont bien conservées, en montant sur des terrasses voisines. D’après un rapport fait par M. Reynaud à l’Académie des inscriptions et belles lettres, sur différentes inscriptions que j’avais envoyées à cette Académie et au nombre desquelles était celle du minaret de Semnan, ce monument remonterait au dixième ou onzième siècle de notre ère, et devrait être attribué à un personnage appelé Al-Hassan, fils de Mohammed.

La population de Semnan, ainsi que celle de Laskerd, parle un patois qui n’a de rapport avec aucune langue des pays voisins. On raconte à ce sujet qu’un roi de Perse, ayant à sa cour des interprètes de tous les patois de son empire, résolut d’en avoir aussi un qui fût capable de traduire la langue parlée à Semnan. À cet effet, il choisit parmi ses favoris un mirza des plus intelligents et l’envoya passer quelque temps dans le pays. Lorsque ce savant revint, le roi l’ayant questionné, il tira de dessous sa robe une gourde de pierre et l’agita fortement, en disant que ce bruit étrange était la véritable


Laskerd, tour-village. — Dessin de A. de Bar d’après un croquis de M. de Blacqueville.


langue parlée à Semnan, ou du moins tout ce qu’il avait pu en apprendre et en rapporter.

9 avril. — En sortant de Semnan, on gravit une pente longue de près de quatre lieues qui conduit dans des défilés ; de cette hauteur, la ville et les villages semblent de petits points verts semés çà et là dans la plaine. Quand à la fin de l’hiver la végétation diapre les environs de Semnan, on ne foule dans les défilés voisins d’Ahouan, qu’un sol couvert de neiges et de glaces.

La station de ces hauteurs est inhabitée ; on y voit un caravanseraï, un tchapard-khané (poste) et une ruine qui doit être un ancien caravanseraï ; il ne s’y trouve qu’un peu d’eau, encore est-elle saumâtre ; pas de bois, par suite pas de cuisine. J’aperçus un arbre mort près d’une source ; je pris des cordes et ma hache de campagne, et, une fois monté sur l’arbre solitaire, j’entourai plusieurs grosses branches à l’extrémité desquelles j’avais fixé des cordes ; mes compagnons les tirèrent d’en bas. Il nous fut ainsi possible de préparer notre souper. Le gardien du caravanseraï ne fournit qu’un peu d’herbes sèches ou racines d’absinthe et de mauvais pain.

10 avril. — À six farsahks au delà, et par d’assez mauvais chemins, j’arrivai à Gonchè ; à trois farsahks plus loin, au village de Dowletabad.