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séjourne dans le village, Pangola est allé coucher prudemment dans l’un des hameaux extérieurs. En pareil cas, personne ne sait, ou du moins ne veut dire, à quel endroit le chef va passer la nuit.

26 juin. — Déjeuné à Zumbo, sur la rive gauche de la Loangoua, près des ruines de quelques anciennes maisons portugaises.

À huit heures du soir nous étions tous sains et saufs sur la rive droite.


Ma-Mbourouba. — Jujubes. — Abondance du gibier. — Bazizoulous. — Cynhyène. — Tombanyama. — Embouchure du Kafoué.

Nous avons passé tout un jour près des ruines de Zumbo.

Des restes de l’église, près de laquelle gît une cloche brisée, on domine les deux rivières, et la vue est splendide : des champs de verdure, une forêt onduleuse, des collines charmantes, de belles montagnes se déroulent au loin.


Instrument de musique (voy. p. 129).

28 juin. — Nous nous remettons en route. Le gibier est d’une incroyable abondance ; les lions sont nombreux. L’un de ces derniers, en train de dévorer un cochon sauvage, est mis en fuite par Mbia, qui s’empare des reliefs du repas et en fait son profit. Les lions aiment particulièrement la chair du porc et du zèbre.

Nous arrivons dans l’après-midi au village de Ma Mbou-rouba, chef féminin, qui demeure actuellement de l’autre côté du Zambèse.

Ici, nous quittons le Zambèse, et nous remontons la vallée qui conduit à la passe de Mbourouma, autrement dit de Mohango.

Le bouazé et le bambou apparaissent maintenant sur les collines ; mais le jujubier, qu’on a sans aucun doute apporté de l’Inde, ne s’étend pas plus loin. Depuis Têté, nous avons mangé partout de ses fruits, qui ont un peu la saveur des pommes, d’où le nom de macààs que leur donnent les Portugais. Zumbo est la dernière station que les Portugais aient eue sur le Zambèse.

L’eau est rare dans la passe de Mbourouba, excepté à l’époque des pluies.

Quand un chasseur indigène traverse un lieu aride ; il sait, par les animaux qu’il rencontre, où il peut espérer de trouver de l’eau. Les pistes du pallah, du buffle, du rhinocéros et du zèbre, donnent toujours l’assurance qu’il y a de l’eau dans les environs, car ils ne s’en éloignent jamais beaucoup. De même, lorsqu’au milieu du calme solennel des bois, le chant des oiseaux réjouit notre oreille, nous sommes sûrs que nous avons de l’eau.

3 juillet. — La quantité de gibier de toute espèce augmente chaque jour. Comme exemple de ce que l’on rencontre dans les endroits inhabités, où l’arme à feu est inconnue, nous citerons ce que nous avons vu aujourd’hui, 3 juillet 1860. Au point du jour des éléphants ont passé à moins de cinquante yards de nos feux ; ils suivaient le lit desséché d’une petite rivière, et se rendaient au Zambèse. Plus loin nous avons rencontré une bande de pintades ; nous en avons abattu plus qu’il n’en fallait pour notre dîner, et, laissant à notre chef de cuisine et à ses aides le soin de les ramasser, nous avons continué notre route. Des francolins passaient devant nous ; des tourterelles que nous faisions lever par centaines s’envolaient à grand bruit et se réfugiaient sur les arbres. Des compagnies effarées de canards et d’oies n’étaient pas plus rares. Au lever du soleil, de nombreux pallahs permirent à la longue file de nos hommes d’approcher d’eux à une distance d’environ cinquante yards. Mais ayant assez de viande, nous les avons laissés partir, sans les inquiéter. Peu de temps après nous étions en présence d’une troupe de waterbucks, dont ici la chair est plus sèche et le pelage beaucoup plus foncé que près de la côte. Notre bande et la leur se sont regardées amicalement ; nous les avons quittés pour voir courir vers le flanc brûlé des collines une troupe de coudous femelles, où se trouvaient un ou deux mâles aux cornes magnifiques.

6 juillet. — Nous campons sur la rive gauche du Chongoué, petite rivière d’une largeur de vingt yards qui traverse les montagnes que nous avons à notre droite. Une fraction de Bazizoulous du sud, conduite par Dadanga, sont venus s’établir ici tout récemment et paraissent en bons termes avec les Baboas, propriétaires du sol. Ces nouveaux venus se sont bâti un village, où il y a plusieurs maisons carrées. Ils cultivent le coton, ainsi que tous les habitants de cette province.

Nous avons été bien reçus par le chef bazizoulou ; il s’est montré affable et hospitalier.

La course du lendemain nous a fait franchir la terrasse supérieure et traverser une jongle épineuse.

Les Balalas du Kalahari ont autrefois apprivoisé le cynhyène (chien sauvage, hycena venatica) et l’ont employé comme chien courant. Un homme intelligent de Kolobeng se rappelait avoir vu dans son enfance une meute de ces animaux revenir de la chasse avec leurs