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Au bord du Zambèse. — Dessin de A. de Bar d’après le Dr Livingstone.


LE ZAMBÈSE ET SES AFFLUENTS,


PAR DAVID ET CHARLES LIVINGSTONE[1].


1858-1864. — TRADUCTION INÉDITE. — DESSINS INÉDITS.




Plaines de Chicova. — Indigènes voyageurs. — Noms que les indigènes donnent aux étoiles. — Cécité causée par la lune. — Discussion politique entre Africains. — Croquemitaines blancs.

Le 7 juin 1860, nous arrivâmes aux plaines de Chicova où le Zambèse, se déployant tout à coup, a la même étendue et le même aspect que devant Têté. Un peu plus haut nous voyons une large couche de houille sur la berge de la rive gauche.

De temps à autre nous rencontrons des voyageurs indigènes. Ceux qui ont une longue route à faire sont chargés d’une natte à coucher, d’un oreiller de bois, d’une marmite et d’un sac de farine ; ils ont une pipe, une blague à tabac, un couteau, un arc, des flèches, et de plus deux bâtonnets de deux à trois pieds, avec lesquels ils se font du feu en les tournant quand ils sont obligés de camper loin de toute habitation.

Les lions sont nombreux dans les plaines de Chicova, et nos gens commencent à disposer le camp avec plus d’attention. Ils nous placent au centre, comme ils ont l’habitude de le faire pour leurs chefs Kanyata ; ils rangent nos sacs, nos rifles, nos revolvers près de notre tête, et entretiennent un petit feu à nos pieds.

Ici les astres les plus apparents sont désignés sous des noms qui conservent la même signification chez un grand nombre de tribus dispersées : on nomme Vénus, quand elle apparaît le soir, Ntanda, c’est-à-dire l’aîné ; au point du jour on l’appelle Manjika, ou premier-né du matin. Elle est tellement lumineuse qu’à l heure où elle brille seule les corps projettent de l’ombre. Sirius a le nom de Kouéhoua Ousiko, traîneur de la nuit, parce que l’on suppose qu’il entraîne la nuit tout entière.

La lune, dans ce pays-ci, n’a pas d’influence maligne, du moins à notre connaissance. Nous l’avons regardée sans en souffrir jusqu’à ce qu’un doux sommeil nous ait fermé les yeux. À Têté, au contraire, elle aveugla quatre ou cinq de nos hommes.

Chaque soir, quand la grande affaire du souper est finie, nos gens prennent place autour des feux. Ils se mettent à causer ou à chanter. L’un des Batokas joue

  1. Suite. — Voy. pages 113 et 129.