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milles de longueur, et vingt milles de large environ. Sa hauteur au-dessus du niveau de la mer est de dix-huit cents pieds. L’eau a la saveur d’une légère solution de sel d’Epsom. Nous n’avons pas vu l’extrémité nord du lac, bien que nous l’ayons dépassée.

Les bords du Chirwa sont très-beaux ; la végétation y est luxuriante, et, pendant notre séjour, les vagues, en venant se briser sur un rocher situé au sud-est, ajoutaient à la beauté du paysage. De très-hautes montagnes dont le sommet peut atteindre à huit mille pieds au-dessus de l’Océan (2440 mètres) s’élèvent à peu de distance de la rive occidentale et forment une chaîne qui porte le nom de Milanje. Leurs cimes aux flancs abrupts, qui dominent les nuages ou en sont couronnées, donnent à le scène un caractère de grandeur. Au couchant est le mont Zomba, d’une élévation d’environ sept-mille pieds, et d’une étendue de quelque vingt milles.

Ayant plutôt le désir de gagner la confiance des indigènes que d’explorer le pays, nous pensâmes qu’il nous serait plus facile d’atteindre notre but par des visites réitérées ; trouvant donc que pour cette fois nous étions allés assez loin, nous résolûmes de retourner au Ma-Robert, qui nous attendait à l’île de Dakanamoio. Nous regagnâmes le Chiré par le défilé de Zédi.

Le steamer atteignit Têté le 23 juin, et après avoir été remis en état, se rendit au Kongoné pour recevoir des provisions de l’un des croiseurs de Sa Majesté britannique.


Les cataractes de Murchison ou Mamvira. — D’après le Dr Livingstone.

Nous nous composâmes un équipage pris parmi les Makololos qui, non-seulement étaient de bons marcheurs mais coupaient le bois, faisaient le service du bord, et se contentaient de la nourriture des indigènes.

Pendant que nous étions sur le Kongoné, il fallut s’arrêter pour réparer le Ma-Robert ; on l’avait construit avec des plaques de métal qui n’avaient pas seize pouces d’épaisseur, espèce d’acier de nouvelle invention. Une action chimique de nature quelconque perfora le métal ; de petites arborisations, des étoiles brisées, comme on en voit dans la glace fondante, partirent de ce point et s’irradièrent dans tous les sens ; il y eut de petits trous à chaque endroit où ces lignes formaient un coude, et le fond du navire devint bientôt comme une écumoire. On bouchait les plus grandes ouvertures ; mais à peine étions-nous à flot qu’il s’en produisait de nouvelles.


Nouvelle excursion sur le Chiré (août 1859.) — Le mont Morambala. — Source chaude. — Poursuivi par un buffle. — Le Nyanja-Pangono, ou Petit-Lac. — Le Nyanja-Moukoulou, ou Grand-Lac. — Accident. — Trappe à hippopotame. — Moustiques. — Eléphants. — Soura ou vin de Palme. — Île de Dakanomoio. — Enfant vendu.

Nous remontons de nouveau le Chiré vers le milieu du mois d’août, après avoir pris du bois à Chamoara. Notre intention est de faire plus ample connaissance avec les tribus riveraines, de poursuivre à pied nos explorations au nord du lac Chirwa, et d’aller à la découverte du lac Nyassa, dont on nous a parlé, en nous le désignant sous le nom de Nyinyési, mot qui signifie les astres.

Le Chiré est beaucoup moins large que le Zambèse, mais il a plus de profondeur et offre moins de difficultés à la navigation. La vallée qu’il arrose est basse, d’une