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fiques, on se sent peu à peu délicieusement pénétré par le charme de cette architecture élégante en même temps que grandiose.

Quant aux chefs-d’œuvre de tout genre qu’elle renferme, je serais tenté de dire qu’il n’y sont que trop nombreux. Les tableaux, les statues, les bronzes, les sculptures en bois, les merveilleux ouvrages de marqueterie sollicitent de toutes parts l’attention et empêchent que l’on puisse, non-seulement se recueillir, mais même embrasser facilement l’ensemble des lignes architectoniques.

Chaire de la cathédrale de Sienne. — Dessin de H. Catenncci d’après une photographie.

Il n’y a rien dans cette église, jusqu’au pavé que l’on foule aux pieds, qui ne soit une merveille de l’art. On ne voit qu’ici ces mosaïques en marbre que Cicognára comparaît avec raison aux plus belles de la Grèce et de Rome, et qui sont une singularité siennoise en même temps que des chefs-d’œuvre[1].

L’exécution de ce célèbre pavé, commencé en 1369, a été continuée sur les dessins des meilleurs artistes jusqu’aux premières années du seizième siècle. Ce fut alors

  1. Le pavé de la cathédrale laisse distinguer, dans son exécution différentes manières, où se résume l’histoire de cet art. D’abord on dessinait sur le marbre blanc le sujet, et après en avoir creusé les traits avec le ciseau, on remplissait les creux avec du stuc noir. Cette manière, assez primitive mais non sans élégance, pourrait se comparer à un graffito, ou mieux encore à un guillochis sur marbre. Plus tard on se servit des marbres de couleurs variées dans les ornements qui encadraient les dessins ; c’était