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cigarreras : c’est ainsi qu’on appelle les filles, jeunes pour la plupart, qui travaillent en grand nombre à la fabrica de tabacos ; la fabrique de Cadiz est beaucoup moins considérable que celle de Séville, qui occupe à elle seule plusieurs milliers de femmes.

La cigarrera andalouse est un type à part que nous étudierons plus particulièrement à Séville, et nous ne notons que pour mémoire celle de Cadiz, bien qu’elle ait aussi son individualité et ses mérites particuliers, si nous en croyons une petite feuille imprimée à Carmona sous le titre de Jocosa relacion de las cigarreras de Cadiz.

Le port de Cadiz est le plus animé peut-être de tous les ports espagnols ; des navires des pays les plus lointains y abordent fréquemment et toutes les nations du monde paraissent s’être donné rendez-vous sur le quai ; de petites barques de toutes couleurs attendent les voyageurs qui veulent s’embarquer pour le Puerto, et les marineros les appellent et les provoquent avec les andaluzadas les plus divertissantes.


Vendangeurs de Jerez (Xérès). — Dessin de Gustave Doré.


Le marinero andalou, et celui de Cadiz en particulier, s’il a été moins exploité dans les romances de salon que le gondolier de Venise et le barcaiuolo napolitain, n’est pas un type moins intéressant : comme eux, il a ses barcarolles, qu’on appelle en Andalousie les playeras, ou chants de la plage, qu’il accompagne avec la guitare ou la bandurria ; une des plus charmantes playeras que nous connaissions est la cancion divertida del curiyo marinero, un titre qu’on pourrait appeler la chanson réjouissante du joli marin : curro, currito, curriyo, sont des expressions qui appartiennent au dialecte andalou et qu’on ne saurait traduire en notre langue ; c’est le nom que la maja donne à son querido :

Segun las señales veo
Va a moverse un temporal
Pero ya perdí er mieo,
Y te ayudaré á remar.
Los dos à la par bogamos,
No pierdas, Curro, el compas ;