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La pêche attirait toujours un grand nombre de navires dans ces parages ; mais les navigateurs, les explorateurs des mers polaires se dirigeaient vers les côtes septentrionales de l’Amérique à la recherche de ce passage de l’Atlantique dans la mer Pacifique, dont Maclure devait achever la découverte de nos jours.

Le premier voyage purement scientifique sur les côtes du Spitzberg est celui de Jean-Constantin Phipps depuis Lord-Mulgrave et Skeffington Lutwidge sur les navires le Race-Horse et la Carcasse, accompagnés de l’astronome Lyons et du physicien Irving. Le but de l’expédition était de s’approcher le plus possible du pôle boréal. Les navires sortirent le 2 juin 1773 de la Tamise, et découvrirent la côte méridionale du Spitzberg le 28 au soir. Le 4 juillet, ils mouillèrent dans une petite baie au sud de celle de Hambourg, s’avancèrent ensuite par 80° 48′, où ils furent arrêtés par la banquise, et de là dans l’est vers les Sept-Îles, naviguant toujours au milieu des glaces flottantes. Les 5, 6 et 7 août, ils coururent les plus grands dangers ; les navires, entourés de glaces, restèrent immobiles malgré les efforts des deux équipages. Déjà les embarcations étaient à l’eau et parées, lorsqu’on s’aperçut que les glaces se mettaient en mouvement et entraînaient les navires vers l’ouest ; le 10, ils se trouvaient en pleine mer. Naviguant désormais dans une mer libre, ils étaient de retour en Angleterre au milieu de septembre. Phipps a abordé sur plusieurs points du Spitzberg, au sud de la baie de Hambourg, sur l’île d’Amsterdam, sur Walden-Island, sur l’île basse (Low-Island) et à l’île Moffen. C’est le premier voyage où l’on ait fait des observations météorologiques régulières. Le docteur Irving s’efforça de déterminer la température de la mer à diverses profondeurs avec un thermomètre imaginé par Cavendish, et Lyons mit à l’épreuve plusieurs méthodes pour déterminer la position du navire par l’estime et le chronomètre. Dans sa relation, Phipps donne un journal circonstancié de son voyage, tous les détails des observations et des expériences, et enfin une liste avec figures des animaux et des végétaux observés pendant la campagne.


Hollandais morts du scorbut au Spitzberg en 1634. — Dessin de V. Foulquier.
Au commencement du dix-neuvième siècle, nous trouvons une série de voyages exécutés par un seul navigateur qui, pour le nombre, l’exactitude et la variété des travaux accomplis, ne peut être comparé à aucun de ses prédécesseurs, et ne sera jamais dépassé comme observateur. William Scoresby, fils d’un capitaine baleinier, fit dix-sept voyages au Spitzberg. Trop jeune pour se livrer à des recherches suivies pendant les premiers, ce sont les résultats des douze derniers entrepris dans les années comprises entre 1807 et 1818, qui forment la matière de l’excellent ouvrage qu’il a publié sur les mers arctiques. Quand on réfléchit que Scoresby était lui-même un baleinier des plus entreprenants, on ne peut s’empêcher d’admirer comment il a su acquérir les connaissances et trouver le temps de tracer un tableau complet du Spitzberg, de ses mers, de ses glaces, de son climat et de ses productions naturelles. Pour se faire une juste idée de son exactitude et de sa sagacité, il faut avoir revu ce qu’il a vu et contrôlé ce qu’il a écrit. Comme les voyages de de Saussure, avec lequel il a les plus grands rapports par l’ingénuité des observations toujours exemptes d’idées préconçues et une certaine timidité dans les conclusions, son livre sera toujours le point de départ de toute recherche scientifique dans les mers arctiques. Les résultats plus nombreux et plus exacts obtenus par ses successeurs sont dus, non pas à leurs qualités personnelles, mais aux instruments plus parfaits et aux méthodes plus exactes que les progrès incessants de la physique ont mis à leur disposition. De même les géologues qui parcourent les Alpes n’observent pas mieux que de Saussure, mais savent plus que lui. Scoresby est le de