Page:Le Tour du monde - 12.djvu/344

Cette page n’a pas encore été corrigée


ceux de nos vivandières, complétaient le costume de l’ouvrière des mines. N’étaient les taches de boue et de charbon couvrant la figure et les vêtements, n’étaient les rapiéçages dont ceux-ci étaient semés, on pouvait dire que la dame faisait honneur au sexe faible, et en particulier au sexe britannique. Il eût fallu bien peu pour la rendre de tous points acceptable, seulement une petite lessive au savon de Marseille. Il est probable que le repos du dimanche dans les mines d’Angleterre est consacré à cette indispensable toilette.

Le jeune garçon que nous fîmes poser en même temps que la femme (ils accédèrent l’un et l’autre fort volontiers à nos désirs) portait la casquette des mines, et au milieu de la visière la chandelle de rigueur. La veste et le pantalon de gros drap, celui-ci retenu à la taille par une large ceinture de cuir, enfin les souliers ferrés du mineur achevaient le costume. Pardessus tout cela une figure avenante et joyeuse, des yeux vifs et intelligents intéressaient en faveur du gamin.

Glyn pit est une des principales mines des environs de Pontypool ; on en extrait jusqu’à deux mille tonnes de charbon par semaine. La mine occupe deux cents mineurs, et les travaux descendent jusqu’à deux cents yards de profondeur, un peu moins de deux cents mètres.

La majeure partie du charbon extrait des mines de


Vue de Pontypool. — Dessin de Durand-Brager.


Pontypool est employée à fondre le minerai de fer des houillères, et à fabriquer de la chaux avec le calcaire du pays. L’excédant est expédié sur Newport, que nous visiterons bientôt, et où se fait comme à Cardiff et à Swansea le grand commerce d’exportation des charbons du pays de Galles.

Le travail du fer est fort ancien à Pontypool ; il y a, dit-on, commencé vers le milieu du seizième siècle. À cette époque, on ne songeait guère à appliquer la houille à la fonte des minerais, et c’était le bois et le charbon de bois qu’on employait dans ce but. Une partie des coteaux qui environnent Pontypool sont déboisés, et doivent leur dénudation à la coupe immodérée qu’on a faite des bois du pays à l’époque où le combustible minéral n’était pas encore en usage dans les usines à fer.

Bien qu’environnée de houillères et de forges, Pontypool est plus propre, plus coquette que sa rivale Merthyr Tydvil. Les rues sont bien tracées, il y a quelques places spacieuses, quelques jolis édifices. Les habitants sont surtout fiers de deux choses : le parc et l’hôtel de Ville.

Le parc, situé sur une éminence à droite de la ville, dont il est séparé par la petite rivière de l’Afon qui arrose Pontypool, est un parc à labyrinthes, semé de bouquets d’arbres et de gazon comme tous les parcs anglais ; l’hôtel de ville, édifice de style italien, pas plus que certaines églises à la flèche ambitieuse qui