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la filière, où il passe à travers des ouvertures de plus en plus étroites, en s’enroulant au fur et à mesure sur une bobine de forme tronconique. Celle-ci tourne autour de son axe qui reste fixe, et elle entraîne le fil dans son mouvement de rotation. La compression à laquelle est soumis le cuivre passant par les trous d’acier de la filière, et forcé de se réduire au diamètre de ces trous, échauffe singulièrement le métal.

Après l’atelier de tréfilerie vient l’atelier de clouterie, où l’on fabrique des clous de cuivre à tête ronde ou carrée, et à pointe effilée. On les confectionne généralement à la main avec des verges de métal produites au laminoir. On fait chauffer ces verges, que l’on coupe à la longueur voulue pour chaque espèce de clou. La tête est rabattue au marteau sur une enclume spéciale, et la pointe effilée de même. Un ouvrier faisant toujours ce même travail, y acquiert une telle dextérité, un coup d’œil si exercé, une si grande promptitude que nous ne savons s’il serait économique d’employer pour les clous de cuivre une machine ad hoc, comme on l’a fait, par exemple, pour les pointes de Paris. Celles-ci sont coupées, appointées et ont la tête rabattue par un outil automatique remplaçant le travail de l’ouvrier.

Les clous ainsi que les feuilles de cuivre sont surtout employés au doublage des navires, les clous pour retenir les feuilles. On sait que le cuivre est moins altéré que le fer par l’eau de mer. On a essayé d’employer aussi le zinc à cet usage ; mais bien qu’ayant plus de durée que le fer parce qu’il est moins oxydable, il résiste cependant moins que le cuivre.

Dans les usines de Swansea, on ne se livre pas seulement à la fabrication du cuivre rouge et à sa transformation en feuilles, fils ou clous, on fabrique aussi le cuivre jaune ou laiton. C’est le métal que nous appelons vulgairement maillechort. Le laiton est une combinaison de cuivre et de zinc ; on l’obtient dans les usines, soit


La ville et la rade de Milford. — Dessin de Durand-Brager.


en faisant fondre ensemble du cuivre avec des minerais de zinc, soit en alliant dans les proportions voulues le cuivre et le zinc, le premier entrant généralement pour les deux tiers ou les trois quarts, le second pour un tiers ou un quart dans la préparation de l’alliage.

Le laiton fabriqué à Swansea y est laminé comme le cuivre ; puis les feuilles sont coupées d’équerre à la cisaille, mises en paquets et encaissées comme les feuilles de cuivre. Elles vont avec elles se répandre sur tous les marchés de métaux du monde, bien connues de de tous les négociants adonnés à cette importante branche de commerce.

Pour terminer ce qui a trait à l’usine de MM. Vivian, il resterait à parler du traitement des cuivres argentifères retirés surtout du Chili. Mais le traitement, du moins en ce qui a trait à l’extraction de l’argent, est tenu secret, et nous n’avons pu, après tant d’autres, franchir la porte des mystérieux ateliers où le précieux métal est séparé du cuivre. C’est ici surtout que le fondeur semble dire avec le poëte : Arrière profanes !

« Odi profanum vulgus, et arceo. »


Le créateur des grandes usines que nous venons de visiter est M. Vivian père, auquel Swansea reconnaissante a élevé une statue de bronze (jamais le bronze ne fut plus à propos employé), et que la reine d’Angleterre a fait, je crois, baronnet ; mais il n’est pas le seul dont les usines à cuivre doivent être citées. Il y a aussi à Swansea d’autres établissements dirigés par des Anglais, et qui marchent presque de front avec celui de MM. Vivian. Enfin il faut nommer un Français, M. Lambert, également propriétaire d’une vaste usine à cuivre, et qui représente dignement notre nation dans cette branche si intéressante de la métallurgie, la première après celle du fer.

La visite des usines à cuivre n’occupa point exclusi-