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Quérellé, jardin du commandant du Gabon. — Dessin de Thérond d’après une photographie de M. Houzé de l’Aulnoit.


LE GABON,


PAR LE Dr GRIFFON DU BELLAY, MÉDECIN DE LA MARINE[1].


1861-1864. — TEXTE ET DESSINS INÉDITS.




Religion des Gabonais. — Dieux et cases fétiches. — Féticheurs et féticheuses. — Malades et médecins. — Funérailles d’un Gabonais. — Empoisonneurs et sorciers. — L’épreuve de l’Icaja. — Un fétiche de guerre. — Le dieu des blancs et le dieu des noirs. — Le cousin d’un requin.

Les Gabonais sont fétichistes, et par Gabonais j’entends toutes les tribus qui habitent la même région. Il ne faudrait pourtant pas prendre le mot fétichiste trop à la lettre, et avec la signification absolue que lui a donnée le président des Brosses. L’adoration pure et simple des objets inanimés, sans qu’il leur soit attribué aucune valeur symbolique est beaucoup plus rare qu’on pourrait le supposer. Prise dans ce sens exclusif la religion fétichiste n’est pas celle des Gabonais, car ils croient aux mauvais esprits et redoutent les âmes des morts. Ils n’ont assurément qu’une intuition très-imparfaite de ces êtres supérieurs ; ils leur attribuent une forme tangible, et il est douteux que l’idée abstraite de l’immatérialité ait jamais germé dans leur cerveau. Mais si vague que soit cette conception d’un monde surnaturel, elle n’en existe pas moins chez eux et suffit pour les relever quelque peu dans l’échelle intellectuelle de l’humanité.

À ce respect, où plutôt à cette crainte que leur inspirent les âmes errantes des morts, à cette croyance en l’existence de génies puissants pour faire le mal mais peu soucieux du bien, si l’on ajoute une confiance singulière dans la vertu d’une multitude de talismans, de fétiches destinés à les préserver des maladies ou des accidents de la guerre, on aura toute leur théogonie. C’est

  1. Suite. — Voy. page 273.