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Habitation de Piros-Chontaquiros.


VOYAGE DE L’OCÉAN PACIFIQUE À L’OCÉAN ATLANTIQUE,

À TRAVERS L’AMÉRIQUE DU SUD


PAR M. PAUL MARCOY[1].


1846-1860. — TEXTE ET DESSINS INÉDITS.




PÉROU.




DIXIÈME ÉTAPE.

DE TIERRA BLANCA À NAUTA (Suite).


Divers genres de toitures. — Le canal Sapote. — La plage des Pendus. — Rêverie au crépuscule. — Une rivière apocryphe. — Embouchure du Tapichi. — Quelques mots sur les Indiens Mayorunas. — L’auteur de ces lignes emprunte à Clio sa trompette pour chanter le combat d’un tigre et d’un lamantin. — Lait végétal. — Une habitation d’Indiens Cocamas. — Abyssus abyssum invocat. — Arrivée à Nauta.

Ces Piros de l’Ucayali parlaient l’idiome des Panos. Une pareille métamorphose bouleversa toutes mes idées. Que ces Indiens, enlevés jeunes à leur tribu, eussent désappris son idiome et appris celui de la nation au sein de laquelle ils avaient grandi, rien de plus simple à expliquer et de plus facile à comprendre. Mais que leur type originel se fût incarné dans un type voisin, voilà ce qui dépassait mon intelligence. Dans cette occurrence, j’eus recours à Julio, qui me donna complaisamment le mot du rébus anthropologique. Ces indigènes, que je croyais issus de père et de mère Chontaquiros, n’étaient que les fils d’un Piro autrefois esclave, lequel s’était uni à une femme de la tribu des Schetibos. Seulement chez les enfants nés de cette union, le type de la mère avait prévalu sur celui du père au point de l’annuler. Le type de ce dernier devait-il reparaître à la génération suivante ? En attendant que la question fût résolue, je m’amusai à regarder les pseudo-Chontaquiros, qui, distraits un moment par notre arrivée, s’étaient remis à leur besogne. Cette besogne consistait à choisir dans un tas de palmes des palmes d’une longueur égale, à les superposer par paires et à relier leurs pétioles au moyen de la liane Tamsi[2], qui, par sa rondeur, sa souplesse et sa ténuité, peut remplacer notre ficelle. Ce genre de travail, auquel les hommes et les femmes se livraient conjointement, eut le double avantage de distraire agréablement nos yeux pendant le repas, et de rappeler à notre mémoire certaine promesse faite au lecteur de lui donner un spécimen des divers genres de toiture usités dans la plaine du Sacrement. Cette promesse, nous ne l’avions pas oubliée ; seulement l’occasion de la tenir ne s’était pas encore offerte. Mais voilà que la chauve déesse passe à notre portée, et nous nous empressons de la saisir par le peu de cheveux que lui donnent les mythologues.

Les quatre appareils de toiture reproduits par notre

  1. Suite. — Voy. t. VI, p. 81, 97, 241, 257, 273 ; t. VII, p. 225, 241, 257, 273, 289 ; t. VIII, p. 97, 113, 129 ; t. IX, p. 129, 145, 161, 177, 193, 209 ; t. X, p. 129, 145, 161, 177 ; t. XI, p. 161 177, 193, 209, 225 ; t. XII, p. 161 et la note 2, 177 et 193.
  2. Clitoria minima scandens.