Page:Le Tour du monde - 12.djvu/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Saas et de Gressoney autour du Mont-Rose ; de Grindelwald au pied des hautes alpes ber noises. Au Spitzberg, le glacier, après un trajet plus ou moins long, arrive à la mer. Quand le rivage est rectiligne, il ne le dépasse pas ; mais au fond d’une baie dont le rivage est courbe, il continue à progresser en s’appuyant sur les côtés de la baie et en s’avançant au-dessus de l’eau qu’il surplombe. On le conçoit aisément. En été, l’eau de la mer, au fond des baies, est toujours à une température un peu supérieure à zéro : le glacier fond au contact de cette eau et quand la marée est basse, on aperçoit un intervalle entre la glace et la surface l’eau. Le glacier n’étant plus soutenu s’écroule partiellement ; des blocs immenses se détachent, tombent à la mer, disparaissent sous l’eau, reparaissent en tournant sur eux-mêmes, oscillent pendant quelques instants jusqu’à ce qu’ils aient pris leur position d’équilibre. Ces blocs détachés des glaciers forment les glaces flottantes. Deux fois tous les jours, à la marée basse, au fond de Bellsound et de Magdalena-Bay, nous assistions à cet écroulement partiel de l’extrémité des glaciers. Un bruit comparable à celui du tonnerre accompagnait leur chute ; la mer, soulevée, s’avançait sur le rivage en formant un raz de marée ; le golfe se couvrait de glaces flottantes qui, entraînées par le Jusant, sortaient comme des flottes de la baie pour gagner la pleine mer, ou bien échouaient çà et là sur le rivage, dans les points où l’eau n’était pas profonde. Ces glaces flottantes n’avaient guère plus de quatre à cinq mètres de hauteur au-dessus de l’eau, car les quatre cinquièmes d’une glace flottante sont immergés. Les glaces flottantes de la baie de Baffin sont beaucoup plus élevées : elles dépassent quelquefois la mâture des navires ; mais dans cette baie la température de la mer est au-dessous de zéro, le glacier ne fond pas au contact de l’eau, il descend dans le fond de la mer, et les portions qui s’en détachent sont plus hautes de toute la partie immergée qui, dans les baies du Spitzberg, est détruite par la fusion.

Apparence de l’aurore boréale dans le nord, à Bossekop (Finmark) le 6 janvier 1839, à 6 h. 27 min. du soir. Dessin et gravure de Rapine d’après Bévalet.

Les glaciers du Spitzberg sont en général unis et présentent rarement ces aiguilles, ces prismes de glace que les voyageurs admirent au glacier des Bossons, à celui de Talèfre, près de Chamounix, et sur d’autres glaciers de la Suisse. Ces surfaces hérissées d’aiguilles correspondent toujours à des pentes rapides du glacier, qui se rompt en tombant pour ainsi dire en cascade sur des plans fortement inclinés. Si ceux-ci se trouvent à l’extrémité inférieure de ce glacier, les grandes chaleurs de l’été fondent, amincissent, effilent ces aiguilles et ces prismes qui prennent alors les formes les plus pittoresques. Au Spitzberg, les pentes sont faibles et uniformes et les chaleurs de l’été impuissantes pour fondre la glace. C’est