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LES MISSIONS DU PARAGUAY.


(Voy. la livraison 283e sur le Paraguay[1]).




La province jésuitique du Paraguay, que l’on a appelée aussi du nom pompeux d'Empire Guaranique, comprenait trente villages (pueblos), répartis depuis le commencement du siècle entre trois États : Le Paraguay, la Confédération Argentine et le Brésil. Voici leur situation et leurs noms :

Huit peuplades étaient comprises dans le Paraguay proprement dit ; ce sont : Hapua, Jésus, Trinidad, San-Cosme, San-Ignacio-Guazù (le Grand), Santa-Maria de Fé, Santa-Rosa et Santiago.

Quinze Missions ou Réductions étaient situées dans l’Entre-Rios, c’est-à-dire entre les fleuves Paranà et Uruguay : Candelaria, Santa-Ana, Loreto, Corpus, San-Ignacio-Mini (le Petit), San-Xavier, San-Carlos, San-José, Santa-Maria la Mayor, Martyres, Apostoles, Concepcion, Yapeyu, La Cruz, Santo Tomé.

Enfin, sept Missions, dites Orientales, avaient été fondées sur la rive gauche de l’Uruguay, entre ce fleuve et les possessions portugaises : San-Angol, San-Miguel, San-Lorenzo, San-Juan, San-Luis de Gonzaga, San-Nicolas et San-Borja.

Trois villages, Bélem, San-Joaquin et San-Estanislao, élevés au N. du Paraguay, n’étaient pas considérés comme faisant partie de la province dite des Missions, quoique destinés à assurer ses communications avec celles de Moxos et de Chiquitos.

Chaque Mission était gouvernée par deux pères Jésuites. L’un (le supérieur ou curé) avait l’administration temporelle ; l’autre (le vicaire ou compagnon) était chargé du spirituel.

Les Indiens, soumis à un tribut annuel au profit des coffres du roi, travaillaient pour la communauté dont ils recevaient leur nourriture, des vêtements, des secours et des soins en cas de maladie, ou dans leur vieillesse. Les produits du travail commun, conduits à Buenos-Ayres par la voie des rivières, y étaient vendus par les soins du P. Procureur. Le produit de la vente était consacré, en partie, à l’achat d’articles d’Europe nécessaires à la Mission, et de très-riches ornements destinés à son église.

La population de la province entière, souvent décimée par des épidémies de variole, n’a jamais dépassé le chiffre de cent trente mille habitants. Elle s’élevait à quatre-vingt treize mille cent quatre-vingt-un, lorsque les jésuites l’abandonnèrent en 1768, en vertu du décret d’expulsion signé par le roi Charles III, le 2 avril de l’année précédente.

Aujourd’hui, et depuis bien longtemps déjà, les établissements de l’ordre ont entièrement disparu ; mais les causes de leur destruction ne sont pas les mêmes pour tous.

Les Missions du Paraguay ont été dissoutes par le président Lopez, au mois d’octobre 1848. Le gouvernement s’est emparé des biens des Indiens qu’il a rendus à la liberté, en abolissant le régime de la communauté, mais si, sur ce point, l’œuvre sociale a disparu, l’œuvre matérielle subsiste encore, et les monuments bâtis par la célèbre compagnie sont encore debout.

Dans l’Entre-Rios, il ne reste plus rien ; partout la solitude, et l’abandon le plus complet. Des amas de décombres, recouverts et cachés par une végétation luxuriante, signalent seuls l’emplacement des villages ruinés par les Portugais en 1817.

Enfin, les Missions orientales de l’Uruguay, presque entièrement détruites, offrent cependant encore des traces remarquables de leurs édifices et de leur splendeur passée (voy. le Tour du Monde no 283, p. p. 342-343). Mais toute la population a disparu, dispersée ou détruite par la double invasion d’Artigas et du général Rivera en 1817 et 1828, lors de la guerre entre le Brésil et l’État Oriental (Montevideo).

  1. Les dessins du no 283e sur le Paraguay et les missions des Jésuites, sont tirés de l’Atlas qui accompagne l’ouvrage de M. le docteur Demersay.