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La soirée nous trouva assis dans nos tentes et devisant entre nous. Le murmure de la mer nous berçait doucement, comme pour nous inviter au sommeil ; mais bien que nous fussions pourvus de couvertures de laine, nous étions loin d’avoir toutes nos aises. Un vent violent s’était élevé, et notre tente vacillait à droite et à gauche ; un moment elle parut sur le point de se renverser. Combien il nous eût été facile de nous rendre en une heure à Auckland, dont nous apercevions les lumières, et de revenir ici le lendemain matin pour continuer nos excursions ! Mais notre ami nous avait conviés à sa villégiature et nous étions obligés d’en savourer toutes les joies.


III


L’isthme d’Auckland. — Volcans. — Indigènes.

L’isthme d’Auckland est une des contrées les plus volcaniques de la terre. Il doit sa physionomie particulière à un grand nombre de cônes éteints, ayant des cratères plus ou moins bien conservés, des courants de lave qui forment de vastes champs pierreux étendus à leurs pieds, ou des cratères de tuf qui entourent circulairement comme un mur artificiel les cônes d’éruption formés de cendres et de scories. Ces cônes sont répandus irrégulièrement sur l’isthme et sur les rivages voisins des ports de Waitemata et de Maunukau. La puissance volcanique paraît s’être frayé un nouveau passage presque à chaque éruption ; elle s’est ainsi éparpillée en un grand nombre de petites issues, tandis que si elle s’était maintenue dans le même canal, elle aurait peut-être formé un grand cône.

Ma’utaera, chef zélandais des environs d’Auckland. — Dessin de Émile Bayard d’après M. F. de Hochstetter.

Les premières éruptions ont été probablement sous-marines, dans une baie peu profonde, marécageuse et peu agitée par le vent. Elles se composaient de masses