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L’île septentrionale de la Nouvelle-Zélande se compose de deux parties de dimensions fort inégales et qui sont unies entre elles par un isthme très-étroit, situé sur le 37° de latitude méridionale. Du côté oriental de l’île, la mer pénètre par le golfe Hauraki dans des baies profondément creusées, et l’une de ces nombreuses échancrures s’avance au nord vers la rivière Waitemata. L’isthme n’a guère en moyenne que cinq à six milles anglais de large et il se rétrécit en deux endroits où des criques profondes formées par le Waitemata dans la direction du sud, ne lui laissent plus qu’un mille anglais de largeur. Ce sont ces deux points qu’à une époque reculée les indigènes utilisaient déjà pour faire franchir l’isthme à leurs canots en les transportant d’une rive à l’autre, et c’est là aussi que les colons ont conçu l’idée de creuser un canal pour mettre en communication les deux ports opposés. Si, d’un côté, la rivière Waitemata forme sur la côte orientale le meilleur port du littoral, de l’autre, le bassin du Manukau sur la côte occidentale présente incontestablement un excellent port, le seul ou les grands navires puissent aborder sans danger. Le capitaine Hobson, ont le coup d’œil est si pénétrant, a droit sans aucun doute à une grande reconnaissance pour avoir, en 1840, signalé au gouvernement anglais ce point qui relie entre elles les deux moitiés de l’île septentrionale comme le lieu le plus favorable pour le siége du gouvernement et la capitale de la Nouvelle-Zélande.

Outre les avantages d’une communication facile et sûre par mer dans toutes les directions, Auckland se relie encore à un grand nombre de points de l’île septentrionale par des fleuves fort importants, parmi lesquels nous citerons dans le nord le Wairoa, qui traverse de magnifiques forêts de Kauris, et le Waiho, ou Tamise néo-zélandaise, qui s’étend au loin dans la direction du sud-est.

a Cône de tuf. — b Cône de lave. — cc Cendres et scories (voy. p. 282).

Tels sont les avantages naturels, d’une valeur inappréciable, dont jouit la capitale de la Nouvelle-Zélande, à laquelle sa situation a valu le nom de Corinthe du sud, et qui, dans sa prospérité rapide, allonge chaque jour ses rangées de maisons. En 1860, cette ville comptait environ 10 000 habitants, et le nombre de ceux qui sont disséminés dans le district est à peu près égal. On reconnaît l’extrême jeunesse de la ville au grand nombre de ses constructions en bois, mais d’année en année s’élèvent de grands bâtiments en basaltes poreux, extraits des cônes volcaniques environnants, et de jolies maisons en brique qui attestent le progrès du goût architectural. La circonférence de la ville est déjà très-vaste ; en comprenant le faubourg Parnell, on peut compter un mille et demi de diamètre de l’est à l’ouest, et du nord au sud, un mille. La colline comprise entre la Mechanic’s Bay à l’est, et la Commercial Bay à l’ouest, et qui descend à pic vers le port, du côté de la pointe Britomart, forme le centre de la ville. Sur cette colline centrale, et tout près du port, se trouve le fort Britomart, puis l’église métropolitaine de Saint-Paul, les rangées de maisons de Prince’s street, la maison du gouverneur, la caserne, et enfin le moulin à vent. À l’orient, autour de Mechanic’s Bay s’étendent les quartiers habités par les autorités civiles et militaires, les ecclésiastiques et les missionnaires ; à l’ouest de la Commercial Bay se trouve la ville marchande. La situation d’Auckland, avec ses collines s’avançant dans la mer, et les anses comprises entre elles, fait penser à Sydney et aux profondes découpures de sa vaste baie. Comme le port d’Auckland a très-peu de profondeur du côté de la ville, on a dû construire, sur les points de débarquement, des jetées ou piers s’avançant assez loin dans la mer : le Commercial pier, long entre autres d’un quart de mille, est véritablement l’un des ouvrages les plus remarquables des colonies océaniennes, et son utilité est incalculable pour le commerce maritime d’Auckland. Sur la même ligne que cette jetée se trouve Queen’s street, le centre des affaires de la jeune capitale. Sous le rapport des relations, pour quiconque n’est pas habitué à la vie des grandes villes la société d’Auckland laisse peu à désirer. Auckland est déjà pourvu d’une foule d’établissements par lesquels on peut juger du développement auquel elle est appelée. Un jardin botanique et un muséum d’histoire naturelle existent déjà, et tout récemment, à côté d’un grand nombre d’associations et d’autres établissements créés dans un but d’utilité générale, a été fondée une société des sciences, la New-Zealand royal society. La ville possède actuellement douze églises ou lieux consacrés à la prière, dont la plupart appartiennent au culte réformé, dix écoles, une chambre de commerce,