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« Le niveau du lac, fortement encaissé, étant plus élevé que celui de la ville, situé à cinquante verstes environ, on descend tout le temps en contournant la riche vallée du fleuve Angara, le grand déversoir du Baïkal. Le pays est très-cultivé sur la rive droite, surtout à dater de Taltsuisk ; la rive gauche présente des gorges profondes où croissent d’interminables forêts de sapins, formant un rideau noir le long des eaux transparentes du fleuve qui coule à pleins bords et est au moins aussi large que le Rhin.

Un relai de poste en Sibérie. — Dessin de Vaumort d’après l’album de Mme de Bourboulon.

« On nous a conduits, à notre arrivée à Irkoutsk, dans la maison du préfet, alors absent, maison qu’on avait somptueusement disposée pour nous. À notre descente de voiture, se sont présentés un lieutenant colonel, maître de police, M. Vokoulski, et un officier du gouverneur, chargés de nous dire que nous pouvions nous considérer comme étant chez nous, que le chef des marchands, au nom de la ville, se faisait honneur de nous offrir une complète hospitalité, et de nous défrayer de tout ainsi que notre suite, mais que, ne parlant pas français, il avait délégué à sa place le maître de police, qui effectivement ne nous quitta pas pendant notre séjour, poussant l’obligeance jusqu’à dîner et déjeuner avec nous pour surveiller tous les détails de notre installation. Une heure après arrivait l’aide de camp de M. Joukowski, gouverneur général par intérim, chargé par son chef de demander au ministre de France s’il lui convenait de recevoir sa visite le soir même ou le lendemain matin, ce à quoi M. de Bourboulon répondit qu’il se présenterait lui-même le lendemain chez le gouverneur.

« Après cette honorable réception faite au représentant de la France dans l’extrême Orient, et que je ne pouvais me dispenser de mentionner, on nous laissa enfin à nous-mêmes, ce qui nous fit un grand plaisir, car nous tombions de fatigue. Nous avions retrouvé dans l’hôtel le sergent et nos soldats, heureusement arrivés avec nos bagages. Ce fut en ce moment aussi que nous nous séparâmes de notre compagne de voyage, Mme de Balusek, qui alla résider en ville avec sa suite chez un des amis de sa famille. »

A. Poussielgue.

(La fin à la prochaine livraison.)