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oiseaux nyctalopes, elles ont aussi l’avantage de donner entrée aux premiers rayons du soleil, aux parfums des forêts voisines, aux plantes saxatiles qui ont implanté leurs racines griffues en dehors des murs, et font courir leurs rameaux verts sur la corniche intérieure de l’église. Les sucriers noirs, les tangaras bleus, les hirondelles à croupion jaune, suspendent leurs nids à ces feuillages et mêlent leurs gazouillements aux motifs variés d’une orgue-serinette, dont le charpentier Zéphirin accompagne les diverses parties de la messe dominicale.

La chasse aux effraies.

L’humble décoration de l’église, où le calicot, le paillon, le clinquant remplacent le velours, le brocart et l’or, est en harmonie avec la poussière qui recouvre les boiseries et les toiles d’araignées qui pendent de la voûte ou tapissent les murs. Un confessionnal dans lequel personne ne s’agenouille, à en juger par la dislocation de sa charpente, une chaire aux marches branlantes, aux panneaux entr’ouverts par la double action de la chaleur et de l’humidité, cet ensemble de pauvreté et d’incurie, de désordre et d’humilité jette dans l’âme une tristesse étrange et fournit à l’esprit matières à réflexions.

Chaque jour, un peu avant l’aube, le prieur et ses moines se rendent à l’église pour y dire l’office auquel n’assiste aucun témoin. Le dimanche, une messe chantée réunit de sept heures à huit les deux sexes de la Mission. Les hommes s’agenouillent à droite de la nef et les femmes à gauche. Ces dernières couvrent leur tête et leurs épaules d’une mante de coton teinte en brun. La messe dure une demi-heure. Après le Benedicat final, hommes et femmes s’écoulent sur deux lignes parallèles, au bruit de la canne ferrée des alcades, faisant les fonctions de bedeaux.