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Six ans s’écoulèrent sans amener de changement dans la situation du missionnaire et de la Mission. Les fonds recueillis à Quito par le révérend s’étaient épuisés lentement ; ses pétitions au collége d’Ocopa et au Président de la république n’avaient jamais eu de réponse et devant les besoins toujours croissants des néophytes, il allait en être réduit à recommencer son ancien trafic de poisson salé et de salsepareille, lorsqu’une visite à laquelle il ne s’attendait pas, vint faire diversion à ses ennuis et lui rendre un peu d’espérance.

Deux officiers de la marine britannique, MM. Smith et Lowe, étaient partis de Lima avec l’intention de visiter la plaine du Sacrement et de descendre l’Amazone jusqu’à la mer. Le Président à qui ils avaient soumis préalablement leur projet, s’y était intéressé et pour que les travaux qu’ils allaient entreprendre fussent profitables à la république, il leur avait adjoint pour prendre part à ces mêmes travaux, un major d’infanterie et un lieutenant de marine, MM. Beltran et Ascarate en compagnie desquels ils arrivèrent à Sarayacu. Leur apparition fut saluée avec joie par le père Plaza et par les néophytes avec un enthousiasme indescriptible. À part les religieux qui les avaient catéchisés, ces Indiens n’avaient jamais eu l’occasion de voir des Européens et surtout des fils d’Albion à peau blanche et à cheveux rouge ; aussi gardèrent-ils des deux officiers de marine, un souvenir qu’après treize ans écoulés depuis leur visite, nous allons retrouver dans toute sa fraîcheur.

Portrait de Fray José-Manuel Plaza.

Les voyageurs fêtés, choyés par le révérend Plaza restèrent huit jours à Sarayacu, pendant lesquels il eut tout le temps de leur raconter son histoire et de se plaindre à eux de l’indifférence que lui témoignaient les religieux d’Ocopa et le chef de l’État. Les officiers anglais que ces affaires de ménage intéressaient peu et