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à présent des tombeaux dits des Belaus. Kelaù possédait les montagnes et les pâtures qui sont aujourd’hui aux Beit Gabhru, jusqu’à Chotel. Cette tribu, par suite de je ne sais quelles vicissitudes, s’est peu à peu amoindrie et s’est dispersée : la plupart de ces « derniers Mohicans » se sont réfugiés chez les Beit Gabhru, qui en ont pris occasion pour revendiquer et occuper le territoire héréditaire des Kelaùs. Deux individus de cette race éteinte vivent encore à Keren, une femme et un « annoncier » (sorte de héraut de ville).

Les Belaùs se fractionnèrent de bonne heure. Le gros de la nation resta vers le confluent du Barka et du Khor el Ardeb, où on les trouve encore aujourd’hui, fiers de leur origine, mais réduits à quelques familles : les autres, cherchant de meilleurs pâturages, allèrent se fixer près de la mer Rouge, dans le Samhar, et se firent musulmans ; comme tels, ils attirèrent l’attention du gouvernement turc, qui s’empara de Massaoua au seizième siècle, et dont les empiétements sur la terre ferme furent favorisés par la complicité des Belaùs : aussi créa-t-on en leur faveur le Naïbat d’Arkiko. L’histoire de leur pouvoir et de leur récente décadence (depuis 1845) appartient à un ordre de faits que je traiterai ailleurs.

Type bogos. — Dessin de Émile Bayard d’après un croquis de M. G. Lejean.

Les Hafara se sont établis à Terefat ; j’ai raconté plus haut leur destruction en 1859. Ceux qui ont échappé à cette catastrophe sont rentrés dans leur village et essayent en ce moment de reconstituer leur tribu.

Les Ad Cheikh sont une tribu de Fogara qui habite ordinairement vers Sulib. À l’époque de la conquête turque, un des principaux chefs de la tribu, Cheikh Mohammed, supportant difficilement le nouveau joug, descendit dans le Samhar pour invoquer la protection du sultan, et fit