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riches, pauvres, prêtres, lettrés, soldats, l’ont sans cesse à la main. Les élégants, à la place des cannes et cravaches de nos dandys, agitent leur éventail avec prétention ; les évolutions que les jeunes filles font faire au leur composent, dit-on, un langage muet, mais significatif. Les mères se servent de l’éventail pour endormir leurs enfants au berceau, les maîtres pour frapper leurs écoliers récalcitrants, les promeneurs pour écarter les moustiques qui les poursuivent ; les ouvriers, qui portent le leur dans le collet de leur tunique, s’éventent d’une main en travaillant de l’autre ; les soldats manient l’éventail sous le feu de l’ennemi avec une placidité inconcevable. Il y a des éventails de deux formes, ouverts ou pliants : les premiers sont en feuilles de palmier ou en plumes ; ce sont des espèces d’écrans ; les seconds sont formés de lames d’ivoire ou de papier ; ils servent d’albums autographiques, et c’est sur un éventail en papier blanc qu’un Chinois prie son ami de tracer une sentence, des caractères ou un dessin qui puissent lui rappeler son souvenir. Les albums-éventails sur lesquels sont apposés les sceaux d’hommes illustres ou de grands personnages acquièrent avec les années une haute valeur.

Robe de princesse mandchoue. — Dessin de Catenacci d’après une photographie.
A. Poussielgue.

(La suite à la prochaine livraison.)