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choisit un gué, et chaque voiture conduite par quatre hommes et escortée de deux cavaliers, le franchit tour à tour et sans accident. « J’ai eu une effroyable peur, nous disait plus tard Mme de Bourboulon ; par instant les chevaux de notre attelage perdaient pied, et, soufflant avec fureur l’eau qui leur entrait dans les naseaux, s’agitaient dans les brancards, cherchant à se dérober ; que fussions-nous devenues si leurs cavaliers n’avaient pu les maintenir ? La voiture eût été emportée comme une plume par la force du courant, et brisée sur les rochers qu’on voyait dresser leurs pointes aiguës au-dessous du gué ! » Ces dames, forcées de lever les jambes en l’air pour éviter l’eau qui entrait dans la caisse de la calèche, furent totalement mouillées, et on dut s’arrêter après le passage de ce torrent pour leur donner le temps de changer de vêtements. Ce cours d’eau, assez considérable, est un affluent de la grande rivière Keroulen, qui va se jeter au nord-est dans le fleuve Amour, si même elle n’en est pas la branche mère. C’était la première rivière que les voyageurs eussent rencontrée depuis qu’ils avaient quitté la Chine.

Chameau d’émigrant mongol. — Dessin de Émile Bayard d’après l’album de Mme de Bourboulon.
A. Poussielgue.

(La suite à une autre livraison.)