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Après eux le bourreau (orang-itam) venait seul ; celui-là était un superbe noir vêtu d’un costume rouge collant. Enfin le cortége se terminait par les deux autres condamnés et deux nouveaux détachements de cavalerie et d’artillerie européennes. L’atrocité des supplices auxquels j’allais assister devait me prouver encore l’utilité de tout ce déploiement de forces.

Le procureur du roi donna lecture du jugement aux condamnés amenés devant le pondok : la femme souriait toujours.

On commença par river à froid un anneau de fer autour du cou d’un des moindres acteurs de cette horrible scène. Agenouillé à terre, la tête posée sur une enclume, il reçut le choc d’une dizaine de coups de marteau. Un mouvement de sa part, une maladresse du forgeron, et il était mort ; mais l’opération eut lieu sans accident.

L’empereur de Solo (Java) en grand costume. — Dessin de Bida.

On procéda alors à la fustigation. Le second condamné, la face tournée contre le poteau, les mains attachées à la corde de la poulie, fut hissé par quatre vigoureux opazes jusqu’à ce que la pointe de ses pieds touchât seule la terre. Deux autres opazes, armés de rotings de deux mètres de long sur trois centimètres de diamètre et d’une flexibilité effrayante, vinrent se placer à droite et à gauche du poteau, à une distance mesurée de manière à ce que les cinquante derniers centimètres du roting vinssent frapper en plein sur le dos du patient. Alors après avoir posé son roting sur l’endroit où il allait frapper, le premier opaze lui fit décrire une courbe terrible et le laissa retomber de toutes ses forces ; le vêtement fut entamé. Une demi-minute s’écoula et le second opaze frappa le second coup ; le sang jaillit violemment. C’étaient vingt-cinq coups de roting que cet homme était condamné à recevoir ; un Européen n’y eût pas résisté, mais lui, quoique son dos ne fût bientôt