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Noce javanaise. — Dessin de M. de Molins.



VOYAGE À JAVA,


PAR M. DE MOLINS[1].


1858-1861. — TEXTE ET DESSINS INÉDITS.
(RÉDIGÉ ET MIS EN ORDRE PAR M. COPPÉE.)




SORËABAIJA.

Les galériens. — Passage du gouverneur général à Soërabaija. — La fête équestre. — Les princes javanais. — Les chevaux. — Les orangs-outangs. — Le Kakatoës reconnaissant. — L’amok. — Les tueurs d’enfants. — L’exécution. — Le kahli-mass.

Mais oublions les fêtes et les festins. Je viens de voir un spectacle affreux : c’est un cortége d’hommes tristes et hâves, uniformément vêtus de pauvres vestes d’un bleu noir et de courts sahrongs et de culottes de même étoffe. Ces malheureux, dont plusieurs portent au cou et aux pieds de gros anneaux de fer, sont les galériens indigènes, dont on rencontre à chaque instant les troupes sinistres soit dans la ville, soit dans les environs. Ils sont occupés aux travaux publics. Tantôt ils balayent les rues, tantôt ils transportent sur leurs épaules amaigries des fardeaux trop lourds pour eux ; on les voit d’autres fois pousser de pesantes charrettes aux roues pleines, chargées de terre, de pierres ou d’immondices, et c’est tout au plus si leurs immenses chapeaux ou les vêtements dont ils se couvrent la tête peuvent les préserver des rayons perpendiculaires du soleil de midi, sous lequel on semble les faire travailler de préférence. Un garde-chiourme indigène accompagne chaque groupe ; il en stimule l’activité à coups de roting et exige que son équipage chante constamment, afin d’éviter les complots qui pourraient se tramer contre lui s’il permettait les conversations.

  1. Suite. — Voy. p. 231 et 241.