Page:Le Tour du monde - 10.djvu/256

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au jasmin, au melatti (nyctanthus) ; les autres condiments sont de nature végétale, comme les germes de différentes plantes et les tranches de coco sautées au piment. Tous sont servis en fort petite quantité dans des plats à compartiments où chacun choisit ceux qui répondent le mieux à son goût ou à ses habitudes.

La première fois que ces saveurs étranges frappent un palais européen, elles produisent une douleur réelle, une sensation épouvantable de brûlure qui passe de la bouche à l’estomac et semble toujours augmenter. On boit, mais l’eau ne fait qu’activer et répandre par tout le corps l’horrible cuisson ; on pense avoir avalé des charbons ardents ; on demande un miroir pour s’assurer si l’on a encore de la peau sur les lèvres et sur la langue. Cependant cette singulière impression se calme peu à peu et si l’on a le courage de renouveler l’expérience on habitue assez vite ses organes à ces épices accumulées, si bien que la cuisine javanaise, très-propre d’ailleurs à exciter l’appétit, finit par devenir indispensable.

Cimetière javanais, à Soërabaija. — Dessin de M. de Molins.

Quant à moi, je ne tardai pas à adopter le système d’alimentation des Indiens dans ce qu’il avait toutefois de compatible avec mes idées. Mais si je n’ai jamais pu manger de chenilles et de termites, j’ai vécu de riz et de harie, accompagnés de s’mbals-s’mbals.

de Molins.

(La suite à la prochaine livraison.)