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comme une peau chagrinée, et les huiles dont ils s’oignent pour se préserver des attaques de ces insectes, n’ont jamais existé que dans l’imagination des voyageurs qui les ont visités. La chevelure du Conibo est noire, rude et abondante ; sa lèvre supérieure et son menton offrent à peine quelques poils clair-semés, et c’est en vain que nous avons cherché parmi ces indigènes, quel qu’une de ces barbes touffues dont le P. Girbal les avait complaisamment dotés.

Les femmes conibos sont petites, replètes, assez disgracieuses, mais n’ont pas cet abdomen ballonné et ces membres grêles qui caractérisent un grand nombre d’indigènes de leur sexe, parmi les peuplades du Sud. Elles vont nues malgré la guerre d’extermination que leur font les moustiques et se couvrent seulement d’une très-petite bande d’étoffe de couleur brune. Comme les femmes des Antis et des Chontaquiros, elles coupent leurs cheveux en brosse au niveau des paupières et les laissent flotter par derrière. Leur teint est aussi foncé que celui des hommes et comme ceux-ci, elles noircissent leurs gencives avec les pousses tendres de la plante yanamucu.

Le vêtement des hommes consiste en un sac de coton tissé (tari) pareil à celui des Antis et des Chontaquiros, mais teint en brun et orné de grecques, de losanges, de zigzags et autres dessins, tracés en noir à l’aide d’un pinceau, et simulant une broderie.

Type conibo (mulier).

L’habitude de se peindre le visage, quoique commune aux deux sexes de la tribu conibo, est néanmoins plus répandue chez l’homme que chez la femme. Le rouge et le noir sont les couleurs consacrées par l’usage ; le premier est tiré du bixa orellana ou rocou, le second est extrait du genipa ou huitoch. Le rouge n’est affecté qu’au visage seul. Le noir s’applique indistinctement à toutes les parties du corps.

Nous avons vu de ces indigènes avec des cothurnes peints qui s’arrêtaient à la cheville, ou des bottes à l’écuyère qui leur montaient jusqu’au genou. Certains avaient des justaucorps ouverts sur la poitrine et festonnés autour des hanches, les plus modestes se contentaient de peindre sur leurs mains des gants ou des mitaines à filet.

La plupart de ces peintures, à demi cachées par la tunique de l’indigène, n’étaient visibles qu’au moment des ablutions.

Chez ces naturels, la coquetterie paraît être l’apanage exclusif des mâles. Ils apportent à leur parure les soins les plus minutieux, passent de longues heures à s’épiler et à se peindre, sourient à leur fragment de miroir, quand il leur arrive d’en posséder un et se