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point noir dans la vaste plaine, tandis que le faucon monte en tournoyant dans les airs.

« Mais le drame est bientôt terminé ! l’oiseau de proie fond comme une flèche sur sa victime qu’il déchire avec ses serres puissantes ; Pou-tao court à toutes jambes, et un temps de galop m’amène près du faucon vainqueur ; le chasseur jette un morceau de viande à l’oiseau pour le récompenser, l’enchaperonne et le replace sur son poing, tandis que le gibier s’engouffre dans la vaste sacoche qu’il porte derrière le dos.

« J’ai vu prendre ainsi trois lièvres en une heure, et je suis rentré à Tien-Tsin, émerveillé de cette chasse amusante, si aimée de nos aïeux, et qu’on a abandonnée depuis deux siècles en Europe, je ne sais trop pourquoi.

« En revenant, j’ai rencontré dans un village, le préfet Tse-Chen ; il était à cheval, suivi de gardes armés d’arcs, d’arbalètes et de fusils ; toute la population se mettait à genoux sur son passage, et le gros homme, se croyant grandi par la servilité de ses administrés, passait fièrement, en témoignant par quelques inclinations de tête qu’il était content et satisfait.

« Le peuple de cette province est bien plus doux, bien plus facile à gouverner que celui de Canton et d’Amoy.

« Il commence à s’apprivoiser avec nos figures européennes, et quand la musique militaire passe dans les rues, toutes les jeunes femmes qui l’aiment passionnément, accourent sur le seuil des portes, et entr’ouvrent leurs fenêtres ; il y en a de fort jolies.

« J’ai vu dernièrement une marchande de légumes qui aurait passé pour belle dans tous les pays du monde, mon vieux cuisinier Ky-tsin, disputait brutalement avec elle ; je lui ai demandé pourquoi il la maltraitait ; il m’a