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« Quelques chaises, un confortable, une table en laque, et un tapis de fabrique anglaise, complètent l’ameublement de mon boudoir.

« Je serais fort bien installée, sans les cancrelas[1], qui dévorent le linge, et rongent les boiseries ; il paraît que ces détestables animaux sont aussi communs ici que dans le sud de la Chine.

Escadre anglo-française à l’entrée du Peï-ho. — Dessin de Lebreton d’après un croquis de M. Trèves, lieutenant de vaisseau.

« La vie est monotone à Tien-Tsin ; l’état de ma santé s’améliore lentement, et je ne puis guère sortir. Mon mari fait de longues courses à cheval : elles sont faciles dans les grandes plaines qui entourent la ville ; grâce aux gelées de chaque matin, on peut quitter la route et se lancer en pleine campagne.

« J’ai recueilli ici, il y a quelque temps, une jeune Chinoise de onze à douze ans, qu’on a trouvée, après la prise de Peh-Tang, dans une maison où ses parents avaient été massacrés : elle devait appartenir à une bonne famille ; j’essaye de faire son éducation, mais elle n’est sensible à rien, bien qu’une Chinoise de cet âge soit déjà formée : son enfantillage excessif n’est-t-il pas le résultat de l’absence de toute éducation chez les femmes de ce pays, où on les tient dans une telle infériorité, que ce sont des choses plutôt que des êtres raisonnables.

Jonque de douane à Tien-Tsin. — Dessin de Lebreton d’après un dessin chinois.

« Elle dort et mange bien, est fort gaie, et semble ne se souvenir, ni se soucier en aucune façon de l’affreux

  1. Insectes de la famille des blattes, très-communs dans les pays chauds du monde entier, où ils habitent en parasites l’intérieur des maisons.