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formées par le Nil-Bleu, le Dender et le Rahad. — De Rahad (14 novembre), M. Guillaume Lejean se dirigea presqu’à l’est vers Gallabat, étudia le massif de Ras-el-Fil, composé de trois chaînes parallèles à l’Albara, séjourna à Metamna, d’où il se rendit à Vohin, à Tchelga, résidence du belembras (chef des quatre forteresses) Guelmo, sorte de margrave abyssin. Enfin, il arriva vers la fin de janvier à Devra-Tabor. C’est de là qu’il nous a adressé les pages suivantes :

Cascade du Reb. — Dessin de A. de Bar d’après M. Lejean.


La cascade et la vallée du Reb.

… L’une de mes premières excursions autour de Debra-Tabor fut pour cette fafatié ou cascade du Reb que l’on m’avait fort vantée. Je montai un beau matin à mule, et, tirant au sud-est, je laissai à gauche la grande et fertile plaine de Galat avec son torrent desséché, dont une traînée de beaux mimosas marque le lit, et le large mamelon de Chibehango avec ses ruines d’habitations et ses buissons d’acanthes. Je passai au pied d’une ligne de hauteurs, la plupart bien boisées, et je franchis avec quelque difficulté le torrent de Davezout. Une demi-heure plus tard, je tournais autour d’une haute colline, en suivant un sentier étroit, mais très-praticable, ombragé d’une épaisse végétation, et qui débouchait dans un petit vallon découvert, à pente douce et cultivé, où le Reb coule doucement sur un lit de rochers d’un bleu sombre. La cascade était à cinq pas de moi : je ne la voyais pas, mais une coupe effroyable dans le plateau et un mugissement sonore me l’annonçaient assez. Pour le voir de face, il fallait descendre dans cette faille à peu près à pic par un sentier en zigzag pratiqué au flanc de la roche, dans l’épaisseur d’une forêt vierge, où abondent les singes. Après trois minutes de descente, je m’arrêtai un instant pour boire à une source qui