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dite de Pilate, vis-à-vis celle d’Albert Durer (voy. p. 41). On sait l’histoire singulière de ce chevalier Martin Kœtzel, homme de conscience s’il en fut jamais, qui fit deux fois le voyage de Jérusalem afin de mesurer exactement la route que suivit le Christ portant sa croix, et qui en traça une de même longueur entre son logis et le cimetière Saint-Jean. Sept bas reliefs très-remarquables d’Adam Krafft marquent les stations de cette via dolorosa de Nuremberg.

Quelques-uns de ces tableaux de pierre sont encastrés dans des murs de jardins ; les deux derniers sont isolés et portés sur des piliers au bord des champs qui approvisionnent la ville de légumes. Ce sont de vigoureuses sculptures et d’un effet vraiment pittoresque. L’artiste n’a rien négligé pour donner à son travail tout le fini possible, mais on y sent l’effort : le style est dur, les figures sont courtes ; évidemment elles sont à la ressemblance de quelques bonshommes de Nuremberg, et, même, vêtues comme eux. Telles qu’elles sont, on ferait bien d’en préférer des copies aux détestables bas reliefs des stations qui déshonorent les piliers de nos églises.

Cour et escalier du Burg. — Le tilleul. — Dessin de Thérond d’après une photographie.

L’aspect du champ des morts est d’une singulière monotonie. On a devant soi une immense quantité de tombes grises, plates, toutes semblables les unes aux autres, ne s’élevant guère qu’à deux pieds au-dessus du sol, taillées à peu près comme certains grands bahuts du moyen âge, sans autre ornement qu’un double renflement sur les côtés.

Une seule grande pierre domine cette vallée de Josaphat. C’est un pilier haut de sept ou huit mètres, et surmonté d’une apparence d’édicule élevé à la mémoire du patricien nommé Alexis Munzer. Chaque tombe est numérotée. Mon taschenbuch me donnant avis que la