lâche, avec une implacable continuité ; cette flamme solide encombre les rues, s’amoncelle sur les toits, et s’affaisse dans les maisons avec les tuiles qui se brisent et les poutres qui flambent ; l’incendie croule ainsi d’étage en étage sur le pavé des cours où s’accumulent, comme la terre comblant une fosse ouverte, ces flocons rouges et brûlants qui, lentement, fatalement, descendent toujours.
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/0/06/Le_Tour_du_monde-09-p413.jpg/500px-Le_Tour_du_monde-09-p413.jpg)
Les habitants se sauvent dans tous les sens ; les hardis, les jeunes, ceux qui ne tiennent qu’à leur vie, parviennent à s’échapper. L’amphithéâtre s’est dépeuplé dans un clin d’œil, il n’y reste que les gladiateurs morts. Mais malheur à ceux qui se mettent à l’abri dans les boutiques, sous les arcades du théâtre ou dans les souterrains, la cendre les enveloppe et les étouffe ! Malheur surtout à ceux que retient l’avarice ou la cupidité, à la femme de Proculus, à la favorite de Salluste, aux filles de la maison du Poëte qui se sont attardées pour recueillir leurs bijoux : elles tomberont asphyxiées parmi ces ornements qui, dispersés autour d’elles, raconteront au monde à venir la vanité de leurs inquiétudes suprêmes. Une femme, dans l’atrium attenant à la maison du Faune, courait au hasard chargée de joyaux ; ne pouvant plus respirer, elle s’était réfugiée sous le tablinum : elle