dans le sol. On dirait un immense vaisseau profondément engravé. De ce mur extérieur il reste deux grandes arcades et quatre escaliers montant au sommet de l’édifice. L’arène était ainsi nommée à cause de la couche de sable qui la couvrait et qui buvait le sang.
On y arrive par deux grands corridors voûtés et pavés, d’une pente assez forte : l’un d’eux est renfoncé par sept arcs qui portent le poids des gradins. L’un et l’autre coupent un couloir transversal et circulaire, au delà duquel ils s’élargissent : c’est par là que les gladiateurs armés à pied et à cheval, au bruit des fanfares, débouchaient dans l’arène dont ils faisaient le tour avant d’entrer en lice ; ils revenaient après sur leurs pas et rentraient deux à deux en suivant l’ordre du combat.
À droite de la principale entrée, une porte s’ouvrait sur deux chambres carrées et grillées où l’on enfermait probablement les bêtes. Un autre couloir très-étroit glissait de la rue à l’arène près de laquelle, par un petit escalier, il montait à une petite pièce ronde, apparemment le spoliatorium, où l’on dépouillait les gladiateurs morts.
L’arène formait un ovale de soixante-huit mètres sur trente-six. Elle était entourée d’un mur de deux mètres duquel on voit encore les trous où s’enfonçaient des grilles et des filets en fer épais, précautions contre les bonds des panthères. Dans les grands amphithéâtres, autour de ce rempart se creusait un fossé qu’on remplissait d’eau pour faire peur aux éléphants. On les croyait hydrophobes.
Des peintures et des inscriptions couvraient le mur ou le podium de l’arène. Ces inscriptions nous apprennent les noms des duumvirs (N. Istacidius, A. Audius, O. Cæsetus Sextus Capito, M. Gantrius, Marcellus), qui, au lieu des jeux et de l’illumination qu’ils auraient dû payer en entrant en charge, avaient fait construire trois coins (cunei) sur l’ordre des décurions. Une autre inscription nous fait savoir que deux autres duumvirs, Caius Quinctius Valgus et Marcus Portius, duumvirs quinquennaux, avaient institué à leurs frais les premiers jeux, pour l’honneur de la colonie, et avaient concédé l’emplacement de l’amphithéâtre à perpétuité. Ces deux magistrats devaient être des hommes fort généreux et grands amateurs de spectacles. Nous savons qu’ils contribuèrent également à la construction de l’Odéon.
Veut-on maintenant parcourir l’ensemble des gradins, le visorium ? Trois cavées comme au théâtre ; l’infime, partagée par des entrées et des escaliers particuliers en dix-huit loges ; la moyenne et la supérieure partagées en coins : la première par vingt escaliers, la seconde par quarante ; autour de celle-ci un mur d’enceinte, coupé par des vomitoires, et formant une plate forme où pouvaient encore se tenir debout nombre de retardataires, et d’où l’on opérait les manœuvres nécessaires pour tendre le velarium : tout cela formant un ensemble de trente-quatre gradins sur lesquels s’amassaient peut-être vingt mille spectateurs : voilà pour le public. Rien de plus simple et de plus ingénieux que le système de dégagements qui rendait possible et facile la circulation de cette foule immense, le corridor circulaire et voûté qui, sous les gradins, faisait le tour de l’arène et conduisait par un grand nombre d’escaliers distincts aux gradins de la cavée infime et de la moyenne, tandis que des escaliers supérieurs hissaient le peuple à l’étage suprême qui lui était destiné.
On s’étonne de voir un amphithéâtre si grand dans une ville si petite. Mais n’oublions pas que Pompéi attirait à ses fêtes les habitants des villes voisines, l’histoire nous apprend même à ce sujet une anecdote qui n’est pas sans enseignement.
Le sénateur Livenéius Régulus, chassé de Rome et réfugié à Pompéi, avait offert à cette petite ville hospi-