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ronds et carrés, d’étuves, de couloirs, de portiques, etc., sans compter une palestre où les jeunes Pompéiens venaient faire de la gymnastique : c’était, comme on voit, un établissement complet d’hydrothérapie.

Des bains chauds de l’apodytère, où on laissait ses vêtements, on passait dans le tépidaire. Cette salle, la plus riche des Thermes (voy. p. 396), est pavée en mosaïque blanche à bords noirs, la voûte est richement décorée de stucature et de peintures blanches se détachant d’un fond rouge et bleu ; ces reliefs en stuc représentent des amours, des chimères, des dauphins, des biches poursuivies par des lions, etc. Les murs rouges sont ornés de casiers (peut-être destinés au linge des baigneurs), sur lesquels s’avançait une corniche soutenue par des cellas ou des vélamons en terre cuite revêtue de stuc. Une jolie bordure formée d’arabesques sépare la corniche de la voûte. Une grande fenêtre au fond, flanquée de deux figures en stuc, éclairait le tépidaire ; des conduits souterrains et un grand brasier de bronze lui conservaient cette température tiède (tepida), qui lui a valu son nom.

En quittant l’étuve ou le bain chaud, les Pompéiens se trempaient la tête dans une vaste cuvette, où jaillissait d’un tuyau de bronze encore visible une eau tiède qui devait paraître froide. D’autres, plus courageux, allaient se jeter dans l’eau glacée du frigidaire ; ils en sortaient, disaient-ils, plus souples et plus forts. Puis après avoir été ratissé par le tractator armé du strigile, on revenait dans le tépidaire où l’on était épilé, massé, frictionné, huilé, graissé d’onguents parfumés.

Pour étudier la Maison antique, on n’a que la rue des Thermes à traverser obliquement. On arrive ainsi dans l’habitation de l’édile Pansa, c’est du moins le propriétaire désigné par l’opinion commune (voy. p. 397).

Cette maison n’est pas la plus ornée, mais la plus régulière de Pompéi, la moins compliquée, la plus simplement complète. Aussi tous les guides la montrent-ils comme la maison modèle ; ayant reconnu qu’ils font bien, je ferai comme eux.

En quoi différait l’habitation d’un Pompéien d’un petit hôtel ou d’un pavillon moderne ? En mille et un points que l’on découvre pas à pas, mais surtout en celui-ci, qu’elle était tournée en dedans et comme repliée sur elle-même. Ce n’est pas qu’elle fût, comme on l’a dit, tout a fait étrangère à la rue et qu’elle ne lui présentât qu’un grand mur peint, une sorte de haut paravent. Les étages supérieurs des maisons pompéiennes ayant croulé presque tout à fait, nous ne pouvons affirmer qu’ils n’eurent pas de fenêtres ouvertes sur la voie publique. Je vous ai déjà montré des mœniana, balcons suspendus, d’où les belles dames de l’endroit pouvaient regarder les passants. Mais il est certain que le rez-de-chaussée, les appartements les plus nobles et les mieux habités groupaient leurs pièces autour de deux cours intérieures et tournaient le dos à la rue. Or, ces deux cours s’ouvrant l’une derrière l’autre, le développement de la façade était fort peu de chose, comparativement à la profondeur de la maison.

Les cours portaient les noms d’atrium et de péristyle. On peut dire que l’atrium était la partie publique et le péristyle la partie privée du logis, que le premier appartenait au monde et le second à la famille.

On arrivait de la rue à l’atrium par une allée étroite, le prothyrum, ouvrant sur le trottoir une porte à deux battants. Les portes ont été brûlées, mais on peut se les figurer, d’après les peintures, en bois de chêne, à maigres panneaux ornés de clous dorés, garnies d’un anneau qui servait à les tirer, et surmontées d’une petite fenêtre éclairant l’allée ; elles s’ouvraient en dedans et se fermaient au moyen d’un verrou qui ne les barrait pas en travers, mais qui descendait verticalement et s’enfonçait dans le seuil.

L’atrium n’était pas tout à fait une cour, mais plutôt une grande salle couverte d’un toit au centre duquel s’ouvrait une large baie carrée. Ainsi l’air et le jour se répandaient librement dans cette vaste pièce, et la pluie y tombait du ciel ou s’égouttait des quatre toits en appentis dans un bassin de marbre, appelé l’impluvium, qui la renvoyait dans une citerne dont l’embouchure est encore visible.

Il ne reste plus, dans l’atrium de la maison de Pansa, que le bassin et les murs de refend qui marquaient les divisions du rez-de-chaussée. On découvre d’abord une pièce assez grande, au fond, entre une pièce plus petite et un corridor, plus, huit cabines latérales. De ces huit cabines, les six premières, trois à droite et trois à gauche, étaient des chambres à coucher, cubicula. Ce qui frappe d’abord, c’est leur petitesse. Il n’y avait guère place que pour le lit, souvent indiqué par un exhaussement en maçonnerie sur lequel on étendait des matelas ou des peaux de mouton. Souvent aussi les lits étaient en bronze ou en bois, assez pareils aux nôtres. Ces cubicula recevaient l’air et le jour de la porte, que les Pompéiens laissaient probablement ouverte en été.

Après les cubicula viennent latéralement les alæ, les ailes, où le maître du logis recevait le matin ses visiteurs : amis, clients, parasites. Ces salons devaient être riches, pavés de losanges de marbre, entourés de siéges ou de divans. La grande pièce de fond était le tablinum qui séparait ou plutôt qui reliait les deux cours et montait par deux marches au péristyle. Dans ce tablinum, salle d’apparat, se conservaient les archives de famille et se rangeaient les imagines majorum, images des ancêtres, figures coloriées en cire et exaltées par de magnifiques inscriptions.

À gauche du tablinum, s’ouvrait la bibliothèque, où l’on a retrouvé des volumes, malheureusement presque détruits ; à droite du tablinum glissaient les fauces, étroit corridor conduisant au péristyle.

Le péristyle était une vraie cour ou un jardin entouré de colonnes formant un portique, et reliées dans quelques maisons par des balustrades ou des murs à hauteur d’appui, sur lesquels on posait des vases de fleurs, quelquefois par des jardinières en marbre et dans une maison pompéienne (celle de Polybe) par un châssis vitré.

Au fond s’ouvre l’œcus, la plus vaste salle ; vient ensuite un salon plus petit. À l’aile droite du péristyle, au