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l’extrémité d’un bâton au milieu duquel pend une amphore, trahissent le voisinage d’un marchand de vin. Sur d’autres piliers sont marqués d’autres objets moins explicables : ici une ancre, ailleurs un navire, ailleurs un échiquier (?).

D’autres boutiques ont été commentées par les objets qu’elles contenaient lorsqu’elles furent découvertes. Ainsi quand on trouva dans une suite de pièces donnant sur la rue d’Herculanum divers leviers dont l’un se terminait en pied de porc, des marteaux, des tenailles, des cercles en fer, un essieu de voiture, la jante d’une roue, on se dit avec justesse : Ceci est un atelier de charron ou de forgeron. La forge n’occupait qu’une pièce, derrière laquelle s’ouvraient une chambre de bain et un cellier. Non loin de là, une boutique de potier a été dénoncée par un four très-curieux dont la voûte est formée de quilles creuses en terre cuite emboîtées les unes dans les autres. Ailleurs on a découvert la boutique du barbier qui lavait, brossait, rasait, tondait, peignait, épilait, parfumait les Pompéiens habitant près du Forum ; on y voit encore le siége en maçonnerie où s’asseyaient les chalands. Quant aux marchands de savon, d’onguents et d’essences, ils devaient être nombreux : leurs produits ne servaient pas seulement à la toilette des femmes, mais aux cérémonies religieuses ou funèbres, et, après avoir parfumé les vivants, ils embaumaient les morts.

La Tépidarium, aux Thermes. — Dessin de H. Clerget, d’après un document original.

Deux pharmacies (l’une dans la rue d’Herculanum, l’autre en face du Chalcidique) ont été désignées nettement, non-seulement par une enseigne où l’on voyait un serpent (attribut d’Esculape) mangeant une pomme de pin, mais par des tablettes, des pilules, des vases et des fioles contenant des liquides desséchés, enfin une boîte en bronze à compartiments qui devait renfermer des drogues : une coulisse pour la spatule avait été ménagée dans ce petit meuble assez curieux. Non loin de l’apothicaire vivait le médecin, apothicaire lui-même, de plus chirurgien ; c’est chez lui qu’on a recueilli les fameux instruments de chirurgie conservés au Musée, plus de trois cents objets divers. Riche collection qui prouve que les anciens étaient assez habiles en chirurgie et avaient inventé bien des instruments qu’on croyait modernes.

D’autres boutiques (celle du marchand de couleurs, celles des orfévres, l’atelier du statuaire, etc.) nous ont révélé quelques procédés des anciens artistes. Le marchand de couleurs eut une famille affreusement maltraitée par l’éruption ; quatorze squelettes ont été relevés dans sa boutique.

Quant au sculpteur, il était fort occupé lors de la catastrophe : on a trouvé chez lui nombre de statues de marbre ébauchées ou inachevées, de plus, les instruments de son art, le ciseau, le poinçon, les limes, etc. Tout cela est au musée de Naples.