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ces dignitaires, et que la restauration soit restée à l’état de projet. Rome eut bientôt des soucis plus sérieux que celui d’une petite ville ruinée qui disparut peu à peu sous les vignes, les vergers, les jardins et sous un bois touffu (notez cette dernière circonstance), enfin les siècles s’accumulèrent, et avec eux l’oubli qui couvre tout. Pompéi fut donc comme perdue. Les rares savants qui la connaissaient de nom ne savaient où la prendre. Lorsqu’à la fin du seizième siècle, l’architecte Fontana construisit un canal souterrain pour mener les eaux du Sarno à Torre Annunziata, le conduit traversa Pompéi d’un bout à l’autre, perçant des murs, suivant d’anciennes rues, rencontrant des substructions et des inscriptions ; mais nul ne se douta qu’on eût retrouvé la ville engloutie. Cependant l’amphithéâtre qui, couvert d’une croûte de terre, formait un fossé régulier, dénonçait une construction antique ; et les paysans, mieux informés que les doctes, désignaient, d’un nom mi-latin, la Civita, conservé par une tradition confuse, les terrains qui s’étaient accumulés sur Pompéi.

Travail des fouilles dans une ruelle de Pompéi (vop. p. 391)[1] — Dessin de Thérond d’après un dessin de M. Duclère.

Ce ne fut qu’en 1748, sous le règne de Charles III, lorsque la découverte récente d’Herculanum eut attiré l’attention du monde sur les antiquités enfouies, que des vignerons ayant heurté de vieilles constructions avec leurs pioches et déterré des statues, un colonel du génie nommé don Rocco Alcubierre demanda au roi la permission d’opérer quelques fouilles de ce côté-là. Le roi y consentit et donna douze forçats au colonel. Ce fut ainsi que, par un heureux hasard, un ingénieur militaire découvrit la ville que nous allons visiter. Il fallut huit années encore avant qu’on se doutât qu’on exhumait Pompéi ; les savants croyaient avoir affaire à Stabies.

  1. C’est le moment où l’on découvre le corps d’un Pompéien, voy. p. 416.