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ble serait d’un effet plus pittoresque et sentirait mieux son vieux temps. J’admire… un peu archéologiquement.

Porche de la Frauenkirche. — Dessin de Thérond d’après une photographie.

C’est tout autre chose quand, faisant le tour de la Frauenkirche, je me retrouve en face du petit homme à l’oie, le Gænsemænnchen. Je ne sais pas ce que la ville de Nuremberg pense de ce chef-d’œuvre : à coup sûr on ne s’est pas mis en frais pour lui faire honneur. En guise de piédestal, on a fait choix d’une lourde vasque mal dégrossie, très-propre à servir d’auge : on a emprisonné le pauvret dans un cercle redoutable de barreaux de fer que n’ébranleraient point les fureurs d’une bête fauve : un long tuyau de ferblanc, qui vient malhonnêtement à la traverse, a l’air de dire : « Ne faites pas attention à moi. » Alentour, on vend des harengs salés dont la forte odeur saisit les gens à la gorge, au nez, et leur donne une prodigieuse envie de prendre la fuite. Cependant, qu’importe ? Ce petit rustre insouciant, flanqué de ses deux oies, fait tout pardonner, tout oublier. Du premier regard, on est pris : sous ces grossiers vêtements, on sent ce que la libérale nature accorde aussi bien à l’homme né dans une ferme qu’à l’héritier d’un duché ou d’un trône, une forme élégante, une pose simple, des proportions harmonieuses, un contentement d’être, un air souverain d’aisance dans la manière de porter la vie.




L’église gothique de la Frauenkirche qui, en ce moment, projette son ombre sur le Gænsemænnchen, a plus d’originalité que Saint-Sebald. Elle a été construite et décorée de sculptures dans le même temps et par les mêmes artistes que la « Belle-Fontaine. » L’empereur